Malawi : les populations aux urnes depuis l’aube pour la nouvelle Présidentielle


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Peter Mutharika, Président sortant du Malawi sera-t-il éjecté ou va-t-il conserver son fauteuil ?
Peter Mutharika, Président sortant du Malawi sera-t-il éjecté ou va-t-il conserver son fauteuil ?

Les Malawites convoqués aux urnes ce jour pour élire une nouvelle fois leur Président, après l’annulation de la Présidentielle du 21 mai 2019, ont effectivement commencé par sortir pour accomplir leur devoir civique. Le scrutin oppose principalement, le Président sortant, Peter Mutharika, au leader de l’opposition, Lazarus Chakwera donné pour favori par différents sondages.

Depuis 6 heures (heure locale), soit 4 heures GMT, les 5 002 bureaux de vote répartis sur toute l’étendue du territoire malawite sont ouverts, et accueilleront les votants jusqu’à 18 heures (heure locale) ou 16 heures GMT. Ces derniers ne se font d’ailleurs pas prier, puisque très tôt, ils ont commencé par sortir pour s’acquitter de ce devoir, exercice qu’ils avaient déjà fait, il y a un an. En effet, les Malawites étaient aux urnes pour élire le président de la République, le 21 mai 2019.

Mais à la suite de la saisine de la justice par l’opposition qui a contesté les résultats proclamés par la MEC (Commission électorale du Malawi) qui a déclaré le Président Mutharika réélu, avec 38.57% des suffrages devant son challenger, Lazarus Chakwera, crédité de 35.41% des voix, la Cour suprême a invalidé, à la surprise générale, le scrutin, validant la thèse de la fraude. Quelques semaines après cette invalidation, l’opposition a poursuivi la lutte pour obtenir la démission de la présidente de la MEC, Jane Ansah. Elle obtint gain de cause, le 21 mai 2020, un an jour pour jour après le précédent scrutin.

C’est donc avec à sa tête un nouveau président que la MEC organise ce scrutin. Conscient de la lourde responsabilité qui est la sienne, ce nouveau président, Chifundo Kachale, a promis la tenue d’un scrutin transparent. « Je tiens à vous assurer de mon engagement absolu et de celui de toute la Commission à organiser une élection crédible dont les résultats seront acceptables par tous », a-t-il déclaré au cours d’une rencontre avec les représentants des différents candidats à l’élection.

L’opposition semble plus rassurée. En témoignent ces propos tenus par son leader, Lazarus Chakwera, il y a quelques jours : « Cette fois, nous avons l’espoir que l’élection sera traitée avec l’intégrité qu’elle mérite. L’indépendance de la justice a imposé une obligation de crédibilité aux élections africaines, c’est une leçon adressée au monde entier ». Du coup, il croit en sa victoire, au soir de cette élection, surtout qu’il s’est allié avec Saulos Chilima arrivé troisième au précédent scrutin : « Le peuple nous considère comme le visage d’un nouveau Malawi dont la construction serait ouverte à tous ».

Il est conforté dans son assurance par la position des analystes politiques du pays qui le donnent favori. C’est le cas de Michael Jana, politologue malawite enseignant à l’université du Witwatersrand, en Afrique du Sud : « Je n’accorde pas à Mutharika de fortes chances de réélection (…) J’espère juste que les résultats seront suffisamment clairs pour éviter de nouvelles contestations ».

De son côté, le Président sortant ne démord pas, et croit toujours à sa réélection. « Nous avons gagné le scrutin de 2019 mais (l’opposition) a saisi la justice et nous a volé le gouvernement. Alors votons pour faire honte à ceux qui nous ont volé », déclarait-il samedi dernier, au moment de conclure sa campagne.

Rappelons que ce scrutin se tient en pleine pandémie de Covid-19 dont le Malawi n’est pas épargné, avec 730 cas de contamination et 11 décès. Même si le président de la MEC a promis de faire respecter les gestes barrières pour éviter des contaminations pendant les opérations de vote, il a été observé, déjà ce matin, au bureau de vote de l’école primaire de Malembo à Lilongwe, de longues files de votants sans masque et ne respectant pas la distance de sécurité.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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