La Présidente du Malawi, Joyce Banda a limogé jeudi son gouvernement, dont des membres sont impliqués dans une affaire de corruption. Une mesure radicale prise sous la pression de l’Union européenne, principal bailleurs de fond du pays.
C’est un grand coup de balais que Joyce Banda a donné dans son gouvernement ! La Présidente du Malawi a procédé à un vaste remaniement ministériel jeudi pour mettre un terme à la corruption qui régnait au sommet de l’Etat. Les 25 ministres composant l’équipe gouvernementale ont donc été remerciés. Désormais, « les affaires ministérielles seront gérées par la Présidente en attendant la nomination d’un nouveau gouvernement », selon un communiqué de la présidence.
A l’origine de cette mesure radicale, une affaire de malversations financière au sommet de l’Etat. Il s’agit sans doute de l’un des plus gros scandales de l’histoire du Malawi, impliquant un fonctionnaire qui a détourné un milliard de kwacha, soit 2 millions d’euros, reversé sur une société fantôme. De même dix fonctionnaires des services de la Présidence et du Trésor ont été interpellés pour malversations, tandis qu’en septembre, neuf hauts responsables policiers ont été condamnés chacun à 14 ans de prison pour avoir détourné plus de 120 000 euros des caisses de la police.
L’Union Européenne menace
Il faut dire que Joyce Banda a subi d’amples pressions pour effectuer ce remaniement. Près de 300 personnes ont manifesté jeudi dans la capitale Lilongwe, réclamant des audits et la démission du ministre des Finances et du comptable général, à l’appel d’une association de consommateurs en colère, Consumers Association of Malawi. L’Union européenne, principal bailleur de fond du Malawi a, de son côté, menacé jeudi de couper l’aide au Malawi, exigeant au gouvernement de réaliser un audit indépendant sur les malversations au sommet de l’Etat. L’UE doit en effet verser en décembre son aide au Malawi, dont 40% du budget est financé par des donateurs étrangers.
« On a besoin que le ménage soit fait », a indiqué dans un communiqué Alexander Baum, chef de la mission européenne au Malawi. « L’Union européenne paiera les 29 millions d’euros promis en soutien au budget, en fonction de la façon dont le gouvernement gère la crise ». D’après lui, « ce pillage massif a eu lieu sous le nez du service de comptabilité générale sans que les malversations ne soient décelées ni découvertes ».
Pourtant Joyce Banda, arrivée à la tête du pays après la mort soudaine de son prédécesseur, a lancé une série de réformes politiques pour relancer l’économie et renouer avec les donateurs. Son gouvernement s’est même engagé à procéder à un audit pour déterminer le montant des fraudes et de la corruption dans le secteur public. Une mesure que refuse l’UE, qui se méfie des services de l’Etat malawite, proposant des auditeurs indépendants.