Malaria, maladie oubliée


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Un moustique
Un moustique (illustration)

Moins médiatisé que le sida, moins foudroyant que l’ebola, le paludisme – ou malaria – a à peine droit à un jour par an. Le 25 avril, journée mondiale du paludisme, est l’occasion de faire le point sur l’évolution de cette maladie qui fait plus d’un million de victimes en Afrique chaque année.

James Banda est spécialiste du paludisme à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Après avoir exercé pendant treize ans comme médecin dans son pays d’origine, en Zambie, il participe depuis trois ans à la recherche de traitements contre la malaria depuis les laboratoires de l’OMS à Genève. S’il a vu des milliers d’enfants succomber à la maladie, il a aussi vu les pays d’Afrique se mobiliser peu à peu pour la combattre. Le 25 avril, déclaré il y a deux ans journée mondiale du paludisme, est pour lui un jour d’espoir. L’occasion de faire le point sur l’évolution de cette maladie et de rappeler l’urgence du combat.

Afrik : Pourquoi une journée mondiale contre le paludisme ?

James Banda : Tout a commencé le 25 avril 2000 à Abuja, au Nigeria. A l’initiative du gouvernement nigérian et de l’OMS, les représentants de 44 pays d’Afrique se sont engagés à lutter, ensemble, contre le paludisme. Chaque année, cette date est l’occasion pour les gouvernements de ces pays de prendre des mesures particulières. L’an dernier, par exemple, le Nigeria a distribué des moustiquaires à toutes les femmes enceintes du pays. En 2002, l’Ouganda a décidé de faire l’acquisition de médicaments de dernière génération pour combattre efficacement la malaria. D’autres instances, des Organisations non gouvernementales, des entreprises, profitent également de cette journée pour faire des dons ou mettre en place des projets de prévention ou de traitement de la maladie.

Afrik : Quelles sont les régions les plus touchées par la maladie ?

James Banda : La bande subsaharienne qui va de la Guinée à l’Ethiopie est particulièrement touchée. Le sud de l’Afrique l’est moins, mais une nouvelle forme de paludisme s’y développe. Les médicaments dispensés en Zambie ou au Kenya, par exemple, ne sont plus adéquats. Le gros problème est que le nouveau traitement, qui soigne en 3 jours les personnes atteintes par le parasite, coûte 1,5 dollars, soit vingt fois plus que le précédent…

Afrik : Le paludisme est beaucoup moins médiatisé que d’autres maladies comme le sida ou l’ebola. Pensez-vous que les gens sont suffisamment informés sur cette maladie ?

James Banda : Même si cela fait des siècles que le paludisme sévit en Afrique, les gens croient connaître la maladie mais, en réalité, ils sont très mal informés. Beaucoup savent que le paludisme existe, mais ne font pas la relation avec la fièvre qu’ils attrapent un beau jour et dont ils mourront peut-être, faute de soin ! Cette année, la journée mondiale a pris pour thème  » les communautés  » pour faire du travail d’information une priorité. Il s’agit pour nous, pour les gouvernements et les Ong d’établir une relation particulière avec les populations via les associations, les chefs de clans, etc.

Afrik : Pensez-vous qu’il soit possible un jour d’éradiquer la maladie ?

James Banda : Il n’y a pas de vaccin pour le moment. Il n’y en aura peut-être jamais. Mais, vous savez, il suffit d’une moustiquaire pour lutter contre la maladie. Et quand on sait que la malaria pénalise l’Afrique à hauteur d’1,3% de ses ressources économiques, selon une étude récemment réalisée par l’université d’Harvard, le manque de moyens n’est pas un argument pour baisser les bras.

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