Quelques jours après le discours du roi Mohammed VI, appelant le voisin algérien à la restauration d’un climat de paix et de confiance et à tourner la page des différends, n’a pas encore fait réagir le pouvoir en Algérie. La presse algérienne a plutôt remis en doute les intentions du royaume chérifien et attaqué le roi Mohammed VI, rappelant les derniers incidents, dont l’appel à l’autodétermination de la Kabylie et l’affaire Pegasus.
À l’occasion de la Fête du Trône, le roi Mohammed VI a lancé un appel à l’Algérie pour la restauration d’un climat de paix et de confiance. Comme en 2018, le dernier appel lancé par le souverain chérifien n’a pas rencontré d’écho officiel en Algérie. Ainsi, la Présidence algérienne n’a pas encore réagi à la main tendue par Mohammed VI pour tourner la page des différends entre les deux pays. Même son de cloche de la part de la diplomatie algérienne. Son chef, Ramtane Lamamra, s’est envolé vers le Caire pour réitérer la détermination de son pays d’accueillir l’édition 2021 du Sommet de la Ligue arabe après que le report de la précédente rencontre, prévue à Alger en 2020, suite au Coronavirus.
L’appel lancé cette année par le souverain semble suivre le même chemin que celui de 2018, à l’occasion du 43ème anniversaire de la « Marche verte ». À l’époque, le roi Mohammed VI avait appelé à la création d’un « mécanisme conjoint de dialogue », en réitérant que le royaume est ouvert à toutes les initiatives « émanant de l’Algérie pour désamorcer le blocage ». Même mutisme du côté des partis politiques algériens, de la majorité comme de l’opposition. Une absence de réaction qui laisse place à deux tribunes publiées successivement, dimanche, par le média algérien Echorouk, connu pour sa proximité avec les généraux algériens.
Comme en 2018, la presse algérienne a critiqué l’initiative royale. Ainsi, la première tribune a choisi d’évoquer les pratiques « hostiles » et « quotidiennes » du roi à l’égard de l’Algérie. Intitulé « Makhzen… les canines du mal derrière le sourire de courtoisie », le texte pointe une « tentative d’embarrasser l’Algérie devant les pays arabes », en rappelant la sortie médiatique du Représentant du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, et son appel à « l’autodétermination du peuple kabyle » ou encore le fait que le royaume serait la source de «97% des cyberattaques visant les sites algériens ».
La deuxième tribune s’est interrogée, pour sa part, si « la position du Makhzen vis-à-vis de l’Algérie » est « un choix stratégique ou une tactique de circonstance ». Son auteur reprend presque les mêmes arguments pour critiquer les propos d’Omar Hilale, évoquer les dernières révélations sur le logiciel Pegasus et conclure en avançant la théorie selon laquelle le « Makhzen aurait réalisé l’ampleur de sa bourde » en évoquant le dossier de l’indépendance de la Kabylie. L’agence officielle Algérie presse service (APS) a plutôt évoqué la réaction du Front Polisario, qui a publié un communiqué en lien avec le discours prononcé du roi Mohammed VI.