Située sur la côte atlantique du Togo, dans la ville d’Agbodrafo, la Maison des esclaves est aussi appelée Wood Home. Elle constitue l’un des témoignages les plus puissants de l’histoire de la traite négrière en Afrique de l’Ouest. Ce site, bien que peu connu du grand public, conserve encore les traces indélébiles d’une période sombre et inhumaine de l’histoire.
Mais que révèle exactement cette bâtisse d’un autre temps ?
Une maison chargée d’histoire
John Henry Wood, un négrier écossais, a construit la Maison des esclaves en 1835 à une époque où la traite des êtres humains battait son plein. L’abolition de l’esclavage avait déjà été prononcée dans plusieurs régions du monde. Cependant, des marchands comme Wood ont continué leurs activités clandestines. La demeure servait de point de rassemblement pour les esclaves capturés dans les différentes régions de l’actuel Togo. On y regroupait les esclaves avant leur embarquement vers les Amériques.
Les conditions de vie atroces des esclaves
L’une des caractéristiques les plus frappantes de cette maison est son sous-sol, un véritable labyrinthe souterrain. Les esclaves y étaient entassés dans des conditions insupportables. La cave, haute d’à peine 1,50 mètre, empêchait les prisonniers de se tenir debout, les forçant à rester accroupis ou couchés pendant de longues heures. Les guides locaux racontent encore le traitement inhumain qu’ils subissaient. Gaskin Kpoti Mensah, par exemple, fait revivre cette période à travers ses descriptions poignantes.
Un symbole de résistance et de clandestinité
Alors que la traite des esclaves était censée prendre fin, la Maison des esclaves témoigne de la persistance de ce commerce illicite. Malgré les lois abolissant l’esclavage, certains marchands récalcitrants comme John Henry Wood ont poursuivi leurs opérations clandestines. Ils ont transporté des centaines d’âmes vers un destin cruel, loin des regards. Ce lieu est devenu aujourd’hui un symbole de résistance et de mémoire, un rappel de la clandestinité qui a perduré même après l’abolition officielle.
Un site patrimonial en quête de reconnaissance
Redécouverte récemment, la Maison des esclaves fait aujourd’hui partie des sites historiques soutenus par l’Unesco pour leur préservation. Bien que le site ait conservé une grande partie de son authenticité avec ses meubles d’époque et son architecture afro-brésilienne, les autorités togolaises espèrent obtenir une reconnaissance mondiale. En plus de sa restauration, la Maison des esclaves pourrait ainsi jouer un rôle majeur dans la relance du tourisme culturel au Togo.
Un lieu de mémoire pour les générations futures
Pour les visiteurs, la Maison des esclaves d’Agbodrafo est bien plus qu’un simple monument historique. C’est un lieu chargé de symboles, où chaque pièce, chaque trappe, chaque recoin raconte une histoire de souffrance et de résistance. Bien que la pandémie de Covid-19 ait ralenti l’afflux de touristes, le ministère du Tourisme s’attend à un retour en force des visiteurs. Ceux-ci, notamment européens et nord-américains, sont attirés par cette mémoire collective et universelle.