Le premier festival international Gospel et Réconciliation de Cotonou a ouvert ses portes dimanche dans la métropole béninoise. Angélique Kidjo, la marraine de l’événement, a lancé la semaine de festivité avec un concert à la mesure de sa réputation. En présence du chef de l’Etat, l’enfant du pays a électrisé son public et milité activement pour la fraternité entre l’Afrique et la diaspora.
De notre envoyé spécial à Cotonou
Première édition du festival international Gospel et Réconciliation du Bénin : cérémonie d’ouverture. Les responsables de l’événement sont fébriles. Le Palais des Sports de Cotonou commence à se remplir. Les hommes sont en costume cravate ou en boubou deux pièces et toque traditionnelle, les femmes, pimpantes, en ensembles pagne et foulards de tête. Dehors, l’armée est là, en tenue d’apparat. Une fanfare militaire, alignée sur deux rangées parfaitement rectilignes, attend. Les cuivres argentés sont posés à même le sol. Le chef de l’Etat, Mathieu Kérékou, doit présider l’événement.
Epées à la ceinture, arborant des couvre-chefs hérités d’un passé militaire lointain, une haie d’honneur de gardes républicains accueille, à l’entrée de la salle, tous les invités. Africains d’Afrique et de la diaspora se sont donné rendez-vous au Bénin pour réunir ceux que l’Histoire avait séparé. L’esclavage. Ils entendent dépasser la culpabilité ou le reproche associés à cet épisode dramatique pour se retrouver autour d’un chant : le gospel. Musique d’espoir, de soutien et de gratitude à l’égard du Seigneur de ces Africains arrachés à leur continent et réduits à l’état de simple marchandise humaine.
Kérékou fait le spectacle
Entouré d’une cours de six personnes, protégé par un parasol aux couleurs du Bénin, un homme, au boubou et à la canne richement décorés, suscite la déférence de toutes les personnes qui le croisent. Sa majesté Ôba Onikoyi Alajase Abesan Vème, le roi yorouba du Bénin, et son épouse sont là. Le protocole leur réserve une place de choix au premier rang des personnes invitées. A côté des parents de la marraine du festival, la grande Angélique Kidjo.
Tout le monde se lève pour accueillir l’arriver du président de la république. Lunettes noires, col mao, veste droite bleu marine, Mathieu Kérékou cultive une élégance simple. Son petit bâton de bénédiction à la main, il salue la foule sur son passage puis regagne sa place à la tribune officielle. Son discours inaugural fera sensation. Après avoir souhaité la bienvenue à l’importante délégation américaine du festival, il épingle non sans humour les Etats-Unis et les Occidentaux qui considèrent le Bénin comme une des pays les plus pauvres de la planète.
» Les Etat-Unis sont la première puissance atomique et thermonucléaire mondiale : qu’ils nous envoient une bombe atomique pour que nous puissions la transformer en énergie industrielle ! » Toute l’assistance rie et salue la douce impertinence du chef de l’Etat par de larges salves d’applaudissements. Plus sérieusement, il évoquera le Nepad et la nécessité pour les Africains de rester unis pour construire leur futur et assurer leur développement.
Angélique Dynamite Kidjo
Avant l’arrivée de celle que tout le monde attend, le ballet national du Bénin nous offre un très beau tableau des danses traditionnelles de chaque région du pays. Suivront trois autres prestations, dont deux gospels américains, entrecoupées des allocutions du ministre délégué président du festival, du directeur du festival, de la marraine et de l’invité d’honneur de la première édition : le maire de Portmouth aux Etats-Unis. Et puis, la voilà. Accompagnée de son orchestre au complet. Veste et chemise ton sur ton rose, pantalon violet en organdi de soie, ses éternels cheveux ras teints en blond, Angélique fait son entrée sur scène. La salle exulte.
Après un léger tour de chauffe. Elle décide d’enflammer la salle. Elle est chez elle, à la maison, et entend donner le meilleur d’elle-même à son public. Les accords funks s’élèvent alors plus hauts et plus forts dans la salle. Et Angélique prend les choses en main. Tombant la veste et la chemise, elle se retrouve en débardeur rose et paillettes argentées pour commencer le show. Incroyable de vitalité, elle dégage une impressionnante présence sur scène. Superbe maintient dans le chant (elle chante essentiellement en fon, sa langue maternelle), elle se lâche toutefois complètement dans la danse.
Cette énergie communicative gagne peu à peu l’assistance. Sa mère, assise au bord de la scène, se lève et danse. Au mépris de son grand âge, pétillante dans son ensemble jaune vif et frétillant du chapeau, elle est la première fan de sa fille. Et assurément pas la seule. Car le public descend bientôt des gradins pour venir danser avec la star. La scène ne tarde pas à être envahie, mais qu’importe. Il n’y a pas de craintes à avoir : c’est une fille du pays. Elle était là pour la fête et la fête fut bonne. Une inauguration qui place le festival sous les meilleurs auspices.
Lire aussi : Notre dossier l’Afrique et le gospel
Lire aussi : L’Afrique communie au Bénin.