Ancienne élève de Toumani, père du chanteur Sidiki Diabaté, Madina Ndiaye, la cinquantaine révolue, fait partie des rares joueuses de kora dans le monde, la seule femme au Mali. Ses yeux cachés derrière des lunettes noires, Madina Ndiaye est atteinte de cécité depuis près de 19 ans, mais son amour pour les traditions et les mélodies mandingues n’en ont pas souffert pour autant.
Dotée d’une voix sublime, Madina Ndiaye est l’une des rares joueuses de kora à travers le monde, à l’image de l’Anglo-gambienne Sona Jobarteh. Un instrument traditionnellement de 21 cordes, qui est généralement réservé aux hommes. C’est d’ailleurs en 1982, qu’elle commence dans le milieu de la musique et fait la rencontre de célébrités telles que Salif Keïta, Nayanka Bell, Alpha Blondy, Manu Dibango…, au sein de l’Institut des Jeunes aveugles du Mali (IJA). Mais, elle entame véritablement sa carrière professionnelle à partir de 1990.
Madina Ndiaye rencontre Toumani Diabaté, qui lui offre sa toute première kora. Le père de Sidiki Diabaté contribuera à sa formation, avant qu’elle n’aille se perfectionner auprès d’autres maîtres de la kora, comme Mady Kouyaté, Djélimadi Cissoko ou encore Djélidjan Kanté. En 1995, elle intègre l’Institut national des arts du Mali (INA). Elle rencontre le groupe « Lo’Jo » sous la direction du professeur Do Dembélé. Avec ce groupe, elle collabore le temps d’un concert et commence son initiation au « kamelen’goni » (un instrument acoustique, à cordes pincées de la famille des harpes, originaire du Mali, ndlr).
En 2002, Madina Ndiaye perd la vue, suite d’une grave infection. Malgré ce handicap visuel, elle continue son travail de création, soutenue par sa famille et ses proches collaborateurs. Lors de son premier spectacle en France, dans le cadre d’une tournée solo, son histoire a beaucoup ému le public français. « J’ai eu une infection de glaucome qui a attaqué mon nerf optique d’où la perte définitive de ma vue. Mais cela ne m’a pas dissuadée. Malgré ce handicap, j’ai continué d’enchaîner les concerts et milité en faveur de la cause féminine », a-t-elle raconté devant une assemblée qui est tout de même tombée sous le charme.
Deux années plus tard, Madina Ndiaye enregistre son premier album « Bimogow » (l’humanisme d’aujourd’hui, en bambara). « Le handicap, ce n’est que le nom. À tous ceux qui ont un handicap, évitez la mendicité et redoublez d’effort, car chacun ne devrait manger qu’à la sueur de son front », conseille Madina Ndiaye, qui continue son travail de création, soutenue par son entourage.
A lire : « Kôrôlén » de Toumani Diabaté, meilleur album mondial !