Madagascar connaît une année exceptionnelle pour sa production de cacao en 2024, marquée par une hausse significative des volumes exportés ainsi que des prix d’achat. Bien que la production malgache de cacao ne représente qu’une fraction infime du marché mondial, avec moins de 1% de part, elle a néanmoins enregistré une performance notable, tant en termes de quantités qu’en valeur. Le Conseil national du cacao a dressé un bilan particulièrement positif lors de sa réunion du 16 janvier 2025.
En 2024, l’île a exporté 15 000 tonnes de fèves de cacao, contre 12 000 tonnes en 2023. Cette augmentation s’inscrit dans un contexte où les prix de la fève atteignent des niveaux record. Les résultats obtenus sont d’autant plus remarquables qu’ils pourraient permettre à la filière cacao de surpasser la vanille, traditionnellement leader des exportations malgaches en valeur.
Une filière en plein développement
Le succès de la filière cacao malgache trouve ses racines dans une structuration qui a débuté il y a plus d’une décennie. Cette réorganisation a porté ses fruits, non seulement pour les exportateurs et l’État, mais surtout pour les petits producteurs locaux. Philippe Fontayne, vice-président du Conseil national du cacao, souligne l’importance de ces progrès : « Avec ses 15 000 tonnes et les prix actuels à l’export, c’est une année exceptionnelle. En termes de valeur, la filière cacao dépasse les 100 millions de dollars, une somme qui bénéficie directement aux paysans. Cela équivaut à environ 9 dollars par jour pour nos 30 000 producteurs, ce qui permet d’améliorer considérablement leur niveau de vie ».
Selon lui, cette dynamique a permis de sortir de la pauvreté ces producteurs, apportant ainsi un changement tangible dans leur quotidien. Le cacao malgache doit également sa réussite à un contexte mondial favorable. Madagascar a réussi à obtenir son label « Cacao fin », un statut exclusif au niveau africain, qui a été renouvelé à 100 % en 2023. Ce label permet à l’île de bénéficier d’une prime sur le marché international, ce qui fait que les exportations malgaches se font à des prix supérieurs à la moyenne. Ce facteur, couplé à l’augmentation des volumes exportés, a permis au cacao malgache de tirer profit de la situation actuelle du marché mondial.
La crise de la production mondiale
Ce succès ne peut être compris sans prendre en compte les difficultés rencontrées par les deux premiers producteurs mondiaux, la Côte d’Ivoire et le Ghana, dont la production a été gravement perturbée. En 2024, la production des deux géants mondiaux du cacao a connu un effondrement significatif. Le changement climatique, accompagné de conditions météorologiques extrêmes, a eu un impact dramatique sur les plantations en Côte d’Ivoire. Des pluies exceptionnelles ont provoqué des récoltes de mauvaise qualité, menaçant ainsi la stabilité de la production. Du côté du Ghana, la situation est également préoccupante, avec une épidémie dévastatrice qui touche les cacaoyers.
Malgré ces réussites, plusieurs défis demeurent pour la filière cacao à Madagascar. Un des enjeux reste la fiscalité appliquée à la filière et la contribution réelle des exportateurs à la balance commerciale du pays. Le Conseil national du cacao a précisé que des discussions sont en cours avec l’administration fiscale malgache afin de revoir la structure fiscale du secteur. Une fiscalité plus avantageuse pourrait permettre de renforcer encore davantage la compétitivité du cacao malgache sur le marché international, tout en garantissant une part plus équitable des bénéfices pour les producteurs locaux.
Fiscalité et contribution à la balance commerciale
La question de la transparence et de la gestion des exportations est également cruciale. Alors que la filière cacao malgache affiche des résultats impressionnants, il reste à s’assurer que les bénéfices soient répartis de manière équitable entre tous les acteurs, en particulier les producteurs, qui constituent le maillon le plus vulnérable de la chaîne. Le cacao malgache semble bien positionné pour continuer à prospérer dans les années à venir, à condition que certains défis soient relevés. Le maintien du label « Cacao fin » et la gestion efficace de la filière sont des facteurs clés pour assurer la pérennité de ce succès.
De plus, l’amélioration continue des conditions de travail des producteurs et une meilleure gestion des revenus générés par l’exportation seront essentielles pour garantir un développement durable de la filière. Si Madagascar parvient à maintenir son rythme de croissance, la filière cacao pourrait devenir un acteur majeur de l’économie nationale, surpassant la vanille en termes de valeur exportée, tout en offrant des perspectives d’amélioration de vie pour les milliers de producteurs qui en dépendent.