
Le refus de la France de restituer les Îles Éparses à Madagascar ravive une profonde tension politique sur l’île. Tandis que le gouvernement malgache privilégie le dialogue diplomatique, l’opposition exige une position ferme face à un enjeu historique, stratégique et économique majeur.
Le récent refus de la France de restituer les Îles Éparses à Madagascar ravive une vieille blessure et fait monter la tension politique dans l’île. Entre gouvernement et opposition, les réactions oscillent entre appel au dialogue et exigence de fermeté, révélant une fracture profonde autour d’un enjeu historique et stratégique.
Un dialogue relancé, mais sans transfert de souveraineté
En visite d’État à Madagascar, Emmanuel Macron a clairement écarté la possibilité d’une rétrocession des Îles Éparses, proposant plutôt une cogestion des territoires. Une position qui, si elle acte la reconnaissance de la revendication malgache comme légitime, reste insuffisante aux yeux de nombreux Malgaches. Pourtant, pour la ministre des Affaires étrangères, Rasata Rafaravavitafika, la tenue prochaine d’une commission mixte le 30 juin à Paris marque une avancée. Selon elle, maintenir le dialogue dans un cadre respectueux du droit international est un signe encourageant malgré la complexité du dossier.
Face à la fermeté française, le gouvernement d’Andry Rajoelina tente de jouer l’équilibre entre diplomatie et fermeté nationale. Le président, qui affirmait en octobre dernier que « les Îles Éparses sont malgaches », se retrouve désormais sous la pression d’une opinion publique qui attend une réponse forte. Tout en saluant la reprise des discussions, l’exécutif malgache insiste sur la continuité historique de sa revendication, rappelant le soutien de l’Assemblée générale de l’ONU en 1979. Mais cette approche patiente et mesurée est loin de satisfaire tout le monde.
L’opposition réclame une position ferme et sans compromis
Pour l’opposant Hajo Andrianainarivelo, la proposition française de cogestion est inacceptable : seul un transfert de souveraineté est envisageable. Il presse Andry Rajoelina d’adopter une posture claire et déterminée, rappelant que « la souveraineté ne se négocie pas ». La référence aux revendications similaires de l’Île Maurice et des Comores vient renforcer cette demande d’intransigeance face à Paris.
Roland Ratsiraka, député de Tamatave et autre voix critique, aborde quant à lui la question sous un autre angle. À ses yeux, le problème n’est pas tant la restitution immédiate que la capacité de l’État malgache à gérer ces territoires. Craignant spéculations et mauvaise gouvernance, il estime qu’il serait prématuré de récupérer les Îles Éparses tant que des réformes internes n’auront pas été engagées pour garantir une gestion durable et responsable.
Un enjeu stratégique majeur au cœur des tensions
La bataille autour des Îles Éparses dépasse la seule question de l’identité nationale. Stratégiquement situées dans le canal du Mozambique, ces îles confèrent à la France un contrôle sur une zone maritime clé, riche en ressources halieutiques et gazières. La maîtrise de ces espaces maritimes devient d’autant plus cruciale à l’heure où la concurrence pour les ressources naturelles s’intensifie dans l’océan Indien.
Pour Madagascar, la récupération des Îles Éparses serait non seulement un acte de souveraineté, mais aussi un levier économique potentiel. Dans ce contexte, l’enjeu n’est pas uniquement diplomatique : il touche au cœur des aspirations nationales et des perspectives de développement du pays.