À Madagascar, six détenus sont décédés de malnutrition à la prison de Mananjary, située dans le Sud-Est de l’île. Ces décès se sont enchaînés entre la mi-août et la fin septembre, selon les informations communiquées cette semaine par l’administration pénitentiaire. Alors que les prisons malgaches souffrent d’une surpopulation et d’un manque flagrant de moyens, cet événement remet sur la table des débats les actions entreprises par l’État depuis sa promesse en 2019 d’« humaniser » ses établissements pénitentiaires.
Selon le directeur général de l’administration pénitentiaire, Arsène Ralisaona, il s’agit d’un « cas isolé ». Il explique que ces détenus étaient déjà malnutris avant leur incarcération. Mananjary, une prison située dans une région fortement appauvrie à cause des cyclones successifs, fait partie des établissements identifiés comme à risque pour ses détenus.
Une ration alimentaire largement insuffisante
Claire Kaboré, représentante à Madagascar de l’ONG Gret, souligne la gravité de la situation à Mananjary, qui reflète une réalité nationale. « En prison, la seule nourriture disponible est une ration quotidienne de manioc. C’est une ration déséquilibrée, insuffisante en quantité et en qualité », précise-t-elle. Si les familles des détenus ne parviennent pas à leur apporter des paniers alimentaires régulièrement, la malnutrition devient inévitable.
Pour répondre à cette urgence, le ministère de la Justice a acheminé des provisions telles que du riz, de l’huile et des compléments alimentaires à Mananjary, dans le but de « sauver des vies ».
Promesses et réalités : l’humanisation des prisons malgaches
En 2019, suite à un rapport alarmant publié par Amnesty International, le gouvernement malgache s’était engagé à améliorer les conditions de détention. Cet engagement s’est concrétisé par la construction de six prisons respectant les normes, et le budget de l’administration pénitentiaire a été plus que doublé, passant de 22 millions d’ariary, en 2020, à près de 50 millions en 2024.
Malgré ces efforts, la situation reste critique. Le nombre de détenus continue d’augmenter, exacerbant la surpopulation carcérale. Actuellement, Madagascar compte plus de 30 000 prisonniers, alors que la capacité d’accueil des prisons est trois fois inférieure.
Cas similaires de décès en prison
La situation de la prison de Mananjary n’est malheureusement pas un cas isolé en Afrique, où plusieurs pays font face à des conditions carcérales dramatiques. Au Cameroun, par exemple, plus de 20 détenus sont morts de malnutrition dans la prison centrale de Kondengui, entre 2016 et 2018. La prison, conçue pour accueillir 1 500 personnes, abritait plus de 4 000 détenus, une surpopulation qui a contribué à l’insuffisance alimentaire.
En République Démocratique du Congo, les prisons sont également confrontées à une situation similaire. En 2021, dans la prison de Makala à Kinshasa, plus de 50 détenus sont morts de malnutrition et de maladies liées à la pauvreté. L’absence de soins médicaux adéquats, associée à un manque de nourriture, a conduit à des décès réguliers.
Au Malawi, en 2020, 12 détenus sont morts dans la prison de Maula, principalement à cause de la malnutrition et des conditions sanitaires déplorables. Cette situation a été exacerbée par la surpopulation carcérale, un problème récurrent dans de nombreux établissements pénitentiaires africains.