Madagascar : restitution des crânes Sakalava


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Andry Rajoelina, Président de Madagascar
Andry Rajoelina, Président de Madagascar

La restitution des crânes Sakalava, notamment celui du roi Toera, pourrait marquer un tournant historique dans les relations entre Madagascar et la France. Après des décennies de lutte pour la reconnaissance et la réconciliation, les deux nations se rapprochent enfin d’une conclusion.

Celle-ci pourrait honorer la mémoire des ancêtres malgaches.

Un processus de réconciliation

Une délégation malgache, dirigée par la ministre de la Culture, Mara Volamiranty Donna, a récemment rencontré des responsables français à Paris. Cette réunion s’inscrit dans le cadre du comité scientifique sur la restitution. Elle a rassemblé des universitaires, historiens, experts juridiques, ainsi que des descendants du roi Toera. Par cette initiative, les deux pays visent à favoriser la réconciliation en abordant les questions de patrimoine spolié durant la période coloniale.

De plus, l’accord signé à l’issue de cette rencontre souligne un engagement mutuel pour la conservation du patrimoine et la valorisation des musées. Cela symbolise une volonté partagée de dépasser les tensions historiques.

Une demande de restitution chargée de symbolisme

La restitution des crânes Sakalava représente un acte de justice mémorielle. Pour les héritiers des anciennes dynasties royales de Madagascar, elle constitue un moyen d’honorer la mémoire de leurs ancêtres. En outre, cela permet de se réapproprier une partie de leur histoire. Le crâne du roi Toera, décapité en 1897, est au cœur de cette démarche. Ce roi symbolise une époque de résistance face à la colonisation française. Son retour serait un acte réparateur, tant sur le plan historique que culturel.

Les défis de la restitution

Cependant, le chemin vers la restitution n’est pas sans obstacles. Le comité scientifique devra déterminer les conditions précises dans lesquelles ces restes, conservés au Muséum d’histoire naturelle de Paris, pourront regagner Madagascar. Ce processus inclut des considérations légales et éthiques. Celles-ci sont en lien avec la loi adoptée en décembre 2023, qui facilite la restitution de restes humains collectés dans des conditions indignes.

Par ailleurs, cette loi s’inscrit dans une dynamique plus large de réconciliation, initiée par le président Emmanuel Macron. Son objectif est d’apaiser les mémoires entre la France et ses partenaires africains.

Un souvenir vivace

Pour les descendants du roi Toera, cette restitution revêt une importance personnelle et collective. Joe Kamamy, un descendant du roi, témoigne : « Depuis 127 ans, c’est une blessure qui ne s’est pas refermée. » Ce sentiment d’injustice persiste, rendant cette démarche d’autant plus significative. En effet, le retour des crânes Sakalava pourrait être perçu comme un premier pas vers la réparation des souffrances causées par la colonisation.

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