La Cour électorale spéciale a recueilli pas moins de 49 candidatures à l’élection présidentielle. Une première à Madagascar. Ce scrutin attire autant de candidats qu’il divise la Grande île.
Record de candidatures. La Cour électorale spéciale a enregistré pas moins de 49 candidatures à l’élection présidentielle. Jamais ce scrutin, prévu cette année le 24 juillet, n’a autant attiré de candidats. Les candidats avaient jusqu’au 28 avril pour déposer leur candidature auprès de la Cour spéciale de l’élection. Les conditions de participation sont simples : s’acquitter d’une caution d’environ 17 000 euros et résider au moins pendant six mois à Madagascar.
Andry Rajoelina, l’actuel président de la transition, ne se présentera pas au scrutin présidentiel. Son parti compte trois candidats dont Edgard Razafindravahy, le maire d’Antananarivo, la capitale malgache. Dans le camp de l’opposition, l’ancien président Marc Ravalomanana n’a pas pu se porter candidat mais sa femme, Lalao Ravalomanana, a présenté sa candidature.
Malgré la flopée de candidatures à l’élection présidentielle, ce scrutin soulève beaucoup d’interrogations et divise le pays.
Lalao Ravalomanana, candidate
Lalao Ravalomanana a été désignée par son mari et une vingtaine de leaders de son parti au cours d’une réunion tenue en Afrique du Sud, mi-avril. Cette réunion en Afrique du Sud a été positive pour le clan Ravalomanana dont l’ancien président Marc Ravalomanana a été déchu de ses pouvoirs en mars 2009 à Madagascar. Trois importantes décisions y ont été prises. L’éventuel boycott abandonné, c’est bel et bien le parti de l’ancien président, Tiako i Madagasikara, qui participera à l’élection présidentielle de juillet.
La candidature de la femme de Marc Ravalomanana pose, cependant, problème. Pour pouvoir se présenter comme candidat à l’élection présidentielle, la loi est claire : il faut résider à Madagascar depuis au moins six mois avant la clôture du dépôt des candidatures.
Une élection controversée
A Madagascar, l’élection présidentielle de juillet crée la controverse. Les Malgaches fustigent la communauté internationale. Selon ces derniers, elle presse les autorités malgaches à organiser à tout prix le scrutin alors que toutes les conditions ne sont pas réunies.
Des fraudes sont d’ores et déjà à déplorer. Il y a des fraudes en matière de délivrance de la carte d’identité, « certains électeurs qui disposent déjà d’une carte d’identité ont quand même fait la demande pour en avoir une autre. Le recensement des électeurs a été fait à la hâte. Ce qui fait qu’on n’a pas le chiffre exact du nombre de votants », déclare à Afrik.com, Ravelonjohany, avocat et membre du FBM (le parti arc-en-ciel). « Certains candidats ont été avantagés, ils ont ainsi pu faire des précampagnes ce qui n’est pas conforme au code électoral malgache. Le principe d’une élection juste et crédible n’a pas été respecté ! », s’offusque cet homme politique malgache.
Le bulletin unique : la panacée ?
Comment limiter les fraudes lors de l’élection présidentielle de juillet 2013 ? La commission électorale a opté pour le bulletin unique pour chaque candidat. Une première à Madagascar.
Une mesure qui devrait réduire les inégalités entre les candidats les plus pauvres et les candidats les plus riches. « Avant, chaque candidat fournissait ses bulletins de vote négociés avec les imprimeries. Il fallait vraiment être influent. Il y avait aussi le problème de l’acheminement. Le candidat de l’administration envoyait ses bulletins de vote avec tous les matériels de vote. Les autres candidats se débrouillaient tous seuls et cela était un avantage très important pour le candidat du pouvoir », confie à RFI, Sahondra Rabenarivo, juriste, membre de l’Observatoire de la vie publique.
Béatrice Atallah, la présidente de la commission électorale, a présenté les bulletins uniques en question. Elle a insisté sur le fait que cette pratique limitera les fraudes lors du scrutin. Même son de cloche du côté de Sahondra Rabenarivo qui renchérit : « Avec les bulletins séparés avant, on pouvait sortir du bureau de vote et à 250 mètres où il n’y avait plus d’observateurs, prouver à quelconque personne comment on avait voté en lui montrant les bulletins qu’on n’avait pas versés. Et collecter à ce moment là, les 5 000 ariary ou le sac de riz ou la prime pour le vote ».
Même le bulletin unique, ce n’est pas la panacée. « Les conditions ne sont pas réunies pour l’organisation de la présidentielle. Par exemple, la population malgache n’est pas préparée à la pratique du bulletin unique, un nouveau procédé qui n’a pas été vulgarisé », déclare à Afrik.com, Ravelonjohany, avocat et membre du FBM (le parti arc-en-ciel).
Une nouvelle transition à la place de la présidentielle ?
Une nouvelle médiation a débuté, jeudi 18 avril. Elle est chapeautée sous la direction du FFKM, le conseil œcuménique des églises chrétiennes. Ses missions sont claires : « Les participants réunis lors de la journée inaugurale vont maintenant s’atteler à la collecte d’informations en régions. Les moyens d’amener Madagascar à sortir de la crise de manière pérenne seront ensuite synthétisés dans la capitale à l’issue de trois jours de conclave fin avril ou début mai », selon les médias locaux.
En cas de consensus, le scrutin présidentiel dont le premier tour est prévu pour le 24 juillet pourrait être reporté pour laisser place à la nouvelle transition.