Lutter contre la lèpre n’est pas une mince affaire à Madagascar, où certaines régions enclavées sont difficilement accessibles. Des malades restent donc de fait sans la possibilité de recevoir des soins. Pour remédier à cette situation, deux sœurs infirmières, quatre religieuses et trois laïcs recherchent les lépreux dans la région de Tamatave, à l’Est de la Grande Ile.
Aller chercher les lépreux là où personne n’a le courage d’aller. Les rechercher au fin fond de la brousse, à pied ou à pirogue pour les soigner. C’est la mission que s’est assignée un groupe de religieux de l’église catholique romane et de laïcs, depuis novembre 2000, dans la brousse de la région malgache enclavée de Tamatave (Est). Périlleux, fatiguant, mais indispensable dans ce pays. Car, comme l’explique Michel Récipon, président de l’Association française Raoul Follereau, « en Afrique, c’est à Madagascar que l’endémie est la plus répandue ».
Trouver et suivre les lépreux
Cette situation, la Grande Ile la doit notamment à l’isolement de certaines zones, qui sont trop éloignées des centres de soin et difficiles d’accès en cas de fortes pluies. Du coup, pour atteindre certaines régions, les deux sœurs, quatre religieuses et trois laïcs du centre Ecar (Antsiramandroso) doivent se déplacer à pirogue. Dans d’autres cas, ils doivent marcher pendant de plusieurs kilomètres, traverser des ponts improvisés et même escalader des parois rocheuses pour atteindre les personnes les plus isolées. Quant au matériel et aux médicaments, ils sont convoyés à dos d’homme…
Une véritable expédition, mais le jeu en vaut la chandelle. Sœur Christine explique pourquoi elle a tenu à mettre en place cette idée : « Nous avons voulu venir en aide aux malades que le monde et l’église oublient un peu parce qu’il est très difficile de les atteindre. Par ailleurs, c’est une façon pour nous de nous adapter aux malades qui refusent parfois de rester à l’hôpital. En nous déplaçant, nous pouvons leur venir en aide au lieu de les laisser rentrer dans leur village et mourir. »
Ne pas effrayer en disant que l’on recherche des cas de lèpre
Ce travail de recherche permet à sœur Christine et ses collègues de se rapprocher des malades, et de les encourager à venir les consulter dans leur sous-centre de Sahambala, aussi difficile d’accès. Tous les mois et pendant une semaine, une partie de l’équipe y reçoit, parfois avec l’aide de bénévoles, entre 200 et 300 Malgaches. « Nous faisons une consultation générale, car si nous disons qu’elle est destinée à diagnostiquer les cas de lèpre, les gens sont effrayés et refusent de venir. Parfois, nous recevons des gens qui ont des douleurs et en les examinant, nous découvrons qu’ils ont la lèpre », raconte sœur Christine.
Dans ce cas, l’équipe fait venir toute la famille. « Quelquefois, nous constatons que ce sont tous les membres qui sont malades sans le savoir », poursuit-elle. Avant de partir du centre, l’équipe fixe une nouvelle date de consultation à la population. Et juste avant son prochain passage, un animateur fait le tour des villages pour confirmer le rendez-vous.
Des laborantins formés pour détecter la lèpre
Pour financer son action, l’équipe, qui traite aussi toutes les autres maladies, reçoit « depuis deux ou trois ans un financement de Raoul Follereau. L’an dernier, l’aide s’élevait à 39 millions de francs malgaches (environ 3 300 euros, ndlr). Nous ne recevons rien de l’Etat car notre programme fait partie du secteur privé », explique sœur Christine. Les moyens sont limités, mais ils parviennent à se débrouiller. Au fur et à mesure même, les moyens de travailler s’étoffent. L’équipe bénéficie depuis peu de vélos, offerts par l’Association française Raoul Follereau. Des laborantins viennent d’ailleurs d’être formés pour mener des bascilloscopies, la manipulation qui permet de diagnostiquer la lèpre et la tuberculose.
La tâche est longue et difficile, mais sœur Christine et son équipe tiennent bon. Lorsqu’on demande à sœur Christine ce qui la fait tenir, elle répond : « Personne ne me pousse à les aider, à part l’amour. Parfois je me dit que je n’ai pas le courage d’y aller, mais je sais aussi que je peux pas laisser les gens comme ça ». Le don jusqu’au bout de soi-même.
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