Depuis quelques années, Madagascar attire de plus en plus de voyageurs grâce à sa biodiversité exceptionnelle et ses paysages à couper le souffle.
Si le déficit en infrastructures limite encore le développement de la filière, les appels lancés aux investisseurs par le président Andry Rajoelina depuis 2019 commencent à porter leurs fruits. La Grande Île peut notamment compter sur un partenariat rapproché avec les Émirats arabes unis, qui croient en son potentiel. Avec l’objectif d’atteindre un million de visiteurs d’ici 2028.
Un secteur tiré par l’écotourisme
308 275. C’est le nombre de touristes internationaux qui ont choisi Madagascar comme destination pour leurs vacances en 2024, selon le ministère du Tourisme et de l’Artisanat. Comparé aux 15 millions de touristes du Maroc ou aux 2 millions du Kenya, le chiffre donne une idée du potentiel qui reste à exploiter. Le flux de visiteurs est d’ailleurs en hausse constante depuis la fin de la pandémie. Parmi eux, près d’un sixième a jeté son dévolu sur une croisière au large des plages paradisiaques de l’île de Nosy Be, tandis que les autres préfèrent explorer les 43 parcs nationaux et profiter de la beauté luxuriante des forêts primaires.
Forte de ces paysages, d’une faune endémique unique au monde et de ses écosystèmes préservés qui abritent près de 5 % de la biodiversité mondiale dont les célèbres baobabs, Madagascar dispose d’un large éventail de ressources pour attirer les touristes internationaux. Un potentiel significatif, récemment valorisé par le rapport de Bloom Consulting qui classe Madagascar parmi les pays africains les plus attractifs pour les touristes sur la période 2024-2025.
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« Un dynamisme encourageant » et « une année 2025 prometteuse » souligne encore le gouvernement, alors que le tourisme pèse pour 13 % du PIB malgache et se range parmi les principaux secteurs créateurs d’emplois. Un succès qui s’explique par la mode de l’écotourisme, friand de l’authenticité des régions malgaches qui sont encore épargnées par le tourisme de masse et recèlent des trésors naturels exclusifs tels que les fameux lémuriens. Ainsi Madagascar a-t-elle été nommée « meilleure destination verte de l’océan Indien » chaque année depuis 2017 par le World Travel Awards.
La rareté attirant mécaniquement le luxe, la filière touristique a été stimulée par l’implantation de grands groupes hôteliers comme Radisson qui a ouvert les portes de trois établissements en 2022 ou encore la multinationale française Accor avec son nouvel établissement lancé en 2023 sur l’île Sainte-Marie. En parallèle, le porteur national Madagascar Airlines a annoncé qu’il augmenterait sa flotte de trois nouveaux appareils pour compenser l’insuffisance de connexions domestiques.
Grâce au soutien d’Abou Dhabi, un potentiel de trois millions de touristes en 2028
Pour libérer son potentiel touristique, Madagascar doit en effet surmonter l’écueil du déficit en infrastructures et de la faible connectivité de son territoire. Comment attirer un million de touristes à l’horizon 2028 – objectif que s’est fixé le gouvernement – sans un aéroport compétitif desservi par les meilleures compagnies aériennes et un écosystème hôtelier de première qualité ?
La réponse, Madagascar l’a trouvée dans le golfe Persique, en resserrant continuellement ses liens bilatéraux avec les Émirats arabes unis. Après de nombreuses réunions préparatoires, le Président malgache Andry Rajoelina a en effet obtenu des investissements de quelque dix milliards de dollars dans la Grande Île. Forts de la réussite prodigieuse de la ville de Dubaï, les émiratis sont assurément des partenaires stratégiques pour déployer la filière touristique, et les emplois qui l’accompagnent pour la populations locales.
Cette coopération chargée de promesses s’est d’abord traduite en septembre 2024 par l’ouverture d’une ligne Dubaï-Antananarivo par la compagnie Emirates avec une fréquence de quatre vols par semaine, et parfois cinq pour répondre à la demande accrue des voyageurs pendant les périodes de vacances. Elle a atteint un second sommet en octobre, lorsque le promoteur Mohammed Alabbar, président-fondateur d’Emaar Properties, le géant de l’immobilier, de l’hôtellerie de luxe et de l’alimentation à Dubaï, s’est rendu à Antananarivo pour une rencontre privée avec le président Rajoelina. Pour mémoire, Alabbar, a déjà conclu en juillet dernier un accord de coopération de 3 milliards de dollars avec l’Indonésie, visant à construire de nouveaux aéroports, des hôtels et des infrastructures touristiques plus compétitives. « Lorsque Emaar sera là, le million de touristes [que nous avions prévu pour 2028] sera multiplié par trois ou même plus » résumait ce dernier, enthousiaste à la suite de cet entretien.
Quant à l’homme d’affaires émirati qui a bâti le Burj Khalifa, le plus haut gratte-ciel du monde, il n’a pas hésité à déclarer : « Madagascar est la prochaine nouveauté dans ma vie » lors de la Future Investment Initiative de Riyad quelques jours plus tard… Une nouvelle de bon augure pour l’industrie touristique de Madagascar et le développement économique du pays.