Madagascar : Rajoelina tourne le dos à Ravalomanana


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Andry Rajoelina, le nouvel opposant au président Marc Ravalomanana, a déclaré mercredi qu’il mettait un terme aux négociations lancées le 21 juin dernier. Le chef de l’Etat malgache ne s’est pas présenté, mercredi, au quatrième rendez-vous prévu entre les deux hommes. Le maire déchu d’Antananarivo a convoqué ce jeudi ses partisans Place du 13-Mai pour la première fois depuis le début des rencontres entre les deux leaders politiques.

Les pourparlers entre le maire déchu d’Antananarivo, Andry Rajoelina, et le chef de l’Etat malgache, Marc Ravalomanana, sont dans l’impasse un mois jour pour jour après le début des manifestations qui ont plongé Madagascar dans une crise politique sans précédent. A l’origine de ce statu quo : le rendez-vous manqué mercredi par le président malgache en déplacement en province. Marc Ravalomanana ne s’est pas rendu à la quatrième rencontre prévue au calendrier des négociations entamées depuis le 21 février dernier avec son opposant, sous l’égide du Conseil chrétien des Églises (FFKM). Le gouvernement a justifié son absence par des raisons de protocole et de sécurité. « A partir de maintenant, moi qui dirige cette lutte, je ne participerai plus à ces négociations(…), a déclaré mercredi Andry Rajoelina, le président de la Haute autorité de la transition (HAT). Je me suis rendu (mercredi) à ce face-à-face dans l’objectif de trouver une solution face à la crise que subit Madagascar actuellement. Le fait que le président de la République ne soit pas venu à cette rencontre, cela signifie que la vie de la nation n’est pas prioritaire (pour lui) ».

Les négociations entre les deux camps avaient été relancées sur la base de menues concessions de part et d’autre. Andry Rajoelina s’était engagé à ne plus organiser de manifestations sur la Place du 13-Mai. De son côté, le président Ravalomanana devait mettre fin aux « arrestations à caractère politique ». « La manifestation sur la Place du 13-Mai est seulement suspendue. Celle-ci peut reprendre du moment que l’une des conditions des négociations n’est pas respectée », avait néanmoins prévenu Andy Rajoelina, lundi, après son deuxième entretien, avec le chef de l’Etat.

Un médiateur quitte la table des négociations

Le président du FFKM a lui aussi jeté l’éponge et s’en remet aux Nations unies. « Après mûre réflexion, a déclaré mercredi Mgr Odon Razanakolona, l’archevêque d’Antananarivo, j’ai décidé de ne plus participer aux travaux de médiation ». « Durant les trois rencontres, rien n’a avancé. C’est le blocage total (…) », a-t-il expliqué. Sa décision est aussi motivée par les doutes exprimés quant à son impartialité dans cette médiation.

Le dialogue entre Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina est au point mort alors que la situation sociale s’aggrave. « J’ai de la famille à Madagascar qui me dit que c’est de plus en plus difficile de trouver du riz. Il y en a mais tout est devenu cher. C’est le marché noir partout », témoigne Tinabe, un organisateur de soirées installé en France depuis une trentaine d’années ». « Qui va payer les salaires aux fonctionnaires ? Comment les gens vont se nourrir ?, poursuit-il. La population souffre, (les gens) ne mangent pas, ils ne travaillent pas. J’ai encore entendu que Rajoelina convoquait une nouvelle manifestation sur la place du 13-Mai. Les gens ne vont pas aller manifester tous les jours, sous le soleil, le ventre vide. Et puis, on envoie de jeunes gens désœuvrés se faire tuer, ils font office de bouclier humain. » Quelque 3 000 partisans d’Andry Rajoelina, réunis sur la Place du 13-Mai à l’appel de leur leader, ont été dispersés ce jeudi après-midi par des tirs en l’air et du gaz lacrymogène. A l’exception du 7 février dernier, les forces de l’ordre ne sont jamais ainsi intervenues pour empêcher un rassemblement de l’opposition. Elle prévoit déjà néanmoins une autre manifestation le 28 février prochain.

«La population souffre, (les gens) ne mangent pas, ils ne travaillent pas »

Quant au bras de fer qui oppose les deux leaders, Tinabe note : « On sait que ces deux-là ne font jamais lâcher l’affaire. L’un est au pouvoir et souhaite le garder, au moins jusqu’aux prochaines élections, l’autre souhaite le prendre. C’est à leurs partisans de se rassembler, c’est au peuple de décider de mettre un terme à cette situation. Il faut qu’on laisse le pays vivre. Tous les investisseurs que notre pays intéressait sont maintenant découragés.»

Les réactions des internautes sont similaires sur le portail communautaire malgache Sobika, le premier en France, selon son fondateur Jules-Ratsifa Niry. Le site se prévaut de 45 000 visiteurs uniques par jour. « Les internautes sont fatigués de cette situation. Ils n’ont pas de préférence marquée pour l’un ou l’autre des deux candidats. La majorité silencieuse veut travailler du moment qu’on la laisse travailler ». Jules-Ratsifa Niry estime par ailleurs que la situation dans son pays n’est plus « économiquement viable » et qu’elle doit se décanter d’ici « la fin de la semaine ». Une gageure, semble-t-il, si l’on s’en tient aux récents évènements.

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