La Banque mondiale tire la sonnette d’alarme sur l’état de la grande île. Dans son nouveau rapport publié la semaine dernière, elle révèle que 92% de la population malgache vit en dessous du seuil de pauvreté. Soit neuf habitants sur 10.
La pauvreté a atteint un niveau insoutenable à Madagascar. 92% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, révèle le nouveau rapport de la Banque mondiale, publié la semaine dernière. Neuf habitants sur dix vit avec moins de 2 dollars par jour, selon le responsable de l’organisation, Haleh Bridi, qui a donné une conférence de presse à Antananarivo, la capitale du pays. « Derrière la crise politique, il y a d’autres crises, surtout économique, à Madagascar », a-t-il déclaré. Pis, « à Madagascar aujourd’hui, il y a quatre fois plus de pauvres qu’en 1960 », l’année où le pays a pris son indépendance, renchérit-il. Toutefois, « cette situation n’est pas irréversible. Il suffit d’une volonté politique et d’une volonté de la population pour renverser la situation », a estimé le responsable, assurant qu’en « période sans crise et sans faire trop d’efforts, Madagascar pourrait atteindre un taux de croissance de 5%».
La grande île est plongée dans une grave crise depuis le renversement de Marc Ravalomanana en mars 2003 par Andry Rajeolina, l’actuel Président de la transition. La prochaine Présidentielle est prévue le 23 août prochain. Mais là encore, les couacs ont déjà commencé alors que le scrutin n’a même pas encore eu lieu. Les trois principaux candidats : Andry Rajoelina, Lalao Ravalomanana, épouse de Marc Ravalomanana, et l’ex-président Didier Ratsikira, âgé de 73 ans, ont tous trois été désavoués. Un comité d’une vingtaine de candidats ainsi que la Communauté internationale leur a exigé de retirer leur candidature, les jugeant illégitimes. Sans succès. Chacun des challengers campe sur sa position, affirmant de plus belle sa légitimité à se présenter.
«Un génocide silencieux»
Une position que critiquent de nombreux candidats. Parmi, eux, Saraha Georget Rabeharisoa qui, en dehors de l’épouse du Président déchu, est la seule femme à se présenter à la Présidentielle. Dans une interview accordée le 27 juin à Afrik.com, elle a dénoncé le maintien de leur candidature, affirmant qu’ils «ne doivent pas se présenter. Je dénonce cette situation qui n’est pas acceptable. Pour moi, elle est due avant tout à l’égoïsme de ceux qui peuvent empêcher le bon déroulement des élections».
« Les politiques ont totalement laissé Madagascar à l’abandon », estime Saraha Georget Rabeharisoa, présidente du parti vert malgache, premier parti écologique du pays. Elle va même plus loin, déplorant l’état de l’île qui, dit-elle, est à l’agonie. « Actuellement, il y a un génocide silencieux du peuple malgache sans que personne ne s’en rende compte. Personne ne semble prendre en compte la gravité de la situation, fustige-t-elle. Tous les jours, par district, 70 enfants âgés de moins cinq ans meurent de maladie ou de malnutrition ! Le tourisme sexuel a aussi explosé ces dernières années. Je suis sûre que d’ici quelques années, on fera partie des pays qui compteront le plus de gens atteints du sida dans le monde».
Auparavant, « 70% des Malgaches vivaient en dessous du seuil de pauvreté maintenant nous sommes à 92%!, souligne-t-elle. Donc en quelques années, les chiffres ont explosé, la pauvreté n’a cessé de grimper. Madagascar est parmi les 15 pays les plus pauvres au monde. Sachant qu’il n’est pas en état de guerre civile, c’est d’autant plus inacceptable !»