Madagascar : les criquets passent à l’acte !


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Tout juste remit du cyclone Haruna, voilà que Madagascar se retrouve une fois de plus au pied du mur. Un cataclysme d’un autre ordre s’est abattu sur le pays. Des criquets envahissent par milliers le pays, dévorant toutes les récoltes sur leurs passages. La situation est dure à contrôler.

Après le cyclone Haruna qui avait plongé Madagascar dans une situation de précarité en février dernier, le pays fait face à une nouvelle catastrophe naturelle : une invasion de criquets. Le fort taux d’humidité laissé par le cyclone Haruna a été propice a la prolifération de ces insectes migrateurs. Faute d’avoir tenté de contrer cette invasion plus tôt, on recense à ce jour près de 500 milliards d’insectes ravageurs selon une récente mission de comptage de l’AFP. L’ état d’alerte avait été déclaré dès le mois de novembre par le gouvernement qui qualifiait l’invasion de « calamité publique ». Mais la majeure partie du budget du centre national anti-acridien part en salaires tandis que les fonds internationaux se font languir.

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Riz, pâtures, cannes à sucre, maïs, tout y passe ! Ce sont au total près de 100 000 tonnes de récoltes qui risquent de disparaître par jour. Cette catastrophe affaiblie considérablement le pays et surtout sa population. Les maigres ressources alimentaires disparaissent après le passage des acridiens. Cette perte de récolte conséquente n’aide en rien ce pays où 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

« Après le passage des criquets il n’y a plus rien à manger pour les femmes et les enfants, les bêtes n’ont plus rien à manger non plus, on souffre beaucoup », déclare le propriétaire d’un champ de cannes à sucre saccagé par les criquets non loin du village d’Andiorano.

A environ 130 kilomètres de Tulear, dans la commune de Sakaraha, un épais nuage noir survole le paysage sur près de 15 km de long. Les insectes, qui se déplacent en sautant et en volant, se faufilent entre les voitures et les habitants. Lutter contre l’invasion des criquets est devenu le principal enjeu de l’Etat malgache. Dans cette lancée, un comité interministériel composé des ministères de l’Agriculture, de la Défense, de l’Environnement et des Régions, a été mis en place afin de lutter contre cette nouvelle invasion.

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Les autorités malgaches avaient tenté d’apporter une solution en 2010-2012 alors que la situation n’était qu’au stade de la « prévention ». Toutefois, les financements manquaient. Un nouveau plan vient d’être élaboré par la FAO pour 2013-2016 avec le ministère de l’Agriculture. Il est trop tard pour faire de la prévention, mais les larves et les essaims peuvent être traités par des pesticides.

Rakotovao Hasibelo, responsable de la lutte terrestre anti-acridienne à Sakaraha affirme que « le gros problème qu’on a ici, c’est le manque d’argent. On ne peut pas acheter de pesticide, on ne peut pas acheter de carburant. Les agents sur le terrain, les chefs de poste ne peuvent pas effectuer leur travail, du coup nous ne travaillons pas, les agriculteurs souffrent et les criquets se multiplient ».

Une campagne nationale incluant les approvisionnements en insecticide et les opérations aériennes de prospection et de lutte, devra par la suite s’étendre sur une durée de trois ans, nécessitant un budget supplémentaire de 19 millions de dollars.

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