La Communauté de Développement des Etats de l’Afrique Australe (SADC) a condamné lundi, lors du sommet qu’elle tient dans la capitale du Swaziland, la prise de pouvoir d’Andry Rajoelina à Madagascar. Samedi, à Antananarivo, des manifestations de soutien au président déchu, Marc Ravalomanana, ont été violemment réprimées par les forces de l’ordre. La Grande Ile demeure dans une impasse politique.
La Communauté de Développement des Etats de l’Afrique Australe (SADC), réunie lundi à Mbabane, la capitale Swazilandaise, a déclaré que le changement de régime à Madagascar est « inacceptable ». Selon le roi Swazi Mswati III, « cette prise de pouvoir inconstitutionnelle par un régime de facto à Madagascar viole les principes de base, les protocoles et les traités et est inacceptable ».
Le bloc régional des dirigeants d’Afrique australe ne reconnait pas le nouveau régime malgache. Il a «suspendu avec effet immédiat Madagascar de l’ensemble des institutions et organes de la Communauté jusqu’au rétablissement d’une normalité constitutionnelle». La SADC a également, dans le même communiqué, invité Andry Rajoelina, à se retirer du pouvoir. D’éventuelles sanctions contre lui et son équipe de transition sont attendues dans les prochains jours.
La ferme condamnation délivrée lors de ce sommet, qui intervient après un week-end sanglant à Antananarivo, ne semble pas devoir inquiéter Andry Rajoelina outre mesure. L’Union Africaine et une partie de la communauté internationale avaient déjà vivement condamné son « push » dès les premières heures du renversement du président Marc Ravalomanana. Cependant, le camp de la réprobation ne cesse de grandir, y compris parmi les pays occidentaux. Ainsi, le Secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, a déclaré dimanche, sur les antennes de RFI et TV5 Monde, qu’il considère toujours Marc Ravalomanana comme « le président en titre » de Madagascar.
Les manifestants pro-Ravalomanana violemment réprimés
Le chef de fil de l’opposition malgache s’est proclamé président avec le soutien de l’armée et dirige la haute autorité de transition (HAT). La marche pacifique organisée samedi dernier par les partisans du président déchu s’est terminée dans la violence. Les forces de l’ordre ont dispersé les quelques 15 000 manifestants avec des gaz lacrymogènes. Bilan, une vingtaine de blessés et trois arrestations. Un ancien député de Fort-Dauphin aurait reçu une grenade en plein visage.
Marc Ravalomanana, qui a démissionné le 17 mars 2009 sous la pression de l’opposition et de l’armée, avait annoncé vendredi son retour. L’intervention des forces de l’ordre, la demande du retour du président déchu et la non légitimation du nouveau pouvoir par la SADC confirment l’impasse dans laquelle se trouve ce pays depuis le début, en janvier, du bras de fer entre l’opposition et le président élu.