Le kilo de riz atteindrait les 3 500 Francs malgaches. Un paradoxe » à la Malgache « , alors que les prix mondiaux n’ont jamais été aussi bas depuis dix ans.
Le prix du riz flambe à Madagascar. En quelques jours, le prix au kilo du fameux petit grain blond a atteint les 3500 francs malgaches (FMG). Dans certaines grandes surfaces, affirme le quotidien Midi Madagasikara, il atteindrait même les 13 000 FMG. Pour le programme des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation, c’est une surprise. » Le prix du riz au niveau mondial n’a jamais été aussi bas depuis 1987. A titre d’indication, la variété la plus commune du riz thaïlandais est passé de 315 dollars la tonne, en 1998, à 207 dollars en 2000. S’il y a pénurie sur la Grande Île, c’est pour des motifs locaux « , affirme une source bien informée.
Inondations et spéculations
Deux phénomènes paraissent être à l’origine de ce phénomène. D’abord, la mauvaise récolte de l’an dernier, due aux inondations. Dans les provinces d’Antananarivo et Fianarantsoa, 65% des rizières seraient encore sous les eaux. Les pluies de cette année n’ont pas pu permettre de reconstituer les stocks mis à mal par les catastrophes climatiques. Face à la montée des eaux, les paysans ont tenté de récolter au plus vite ce qui pouvait bien l’être. Las. Trop jeune, le riz est impropre à la consommation.
Ensuite, les problèmes de transport, récurrents à Madagascar. Pour combler la pénurie, les autorités ont largement fait appel au riz d’importation. Seulement, avec un prix fixé à 2 500 FMG le kilo et une balance des paiements accusant un solde négatif de 300 milliards de dollars, Antananarivo est bien en peine de transporter les stocks de riz dans les zones les plus reculées, encore largement dépendantes de la production locale. En outre, le prix du riz d’importation (déjà prohibitif pour les ménages les plus modestes) augmente avec les transports, devenant ainsi inaccessible à la masse des paysans pauvres.
Enfin, l’augmentation, annoncée pour ce mois, des salaires des fonctionnaires pourrait créer un effet spéculatif et relancer l’inflation sur les produits de base.
Résultat : les paysans malgaches qui consacrent près de la moitié de l’agriculture au riz, doivent aller en ville pour s’en procurer. C’est dire si la majorité d’entre eux comptent sur le manioc et la bonne vieille patate pour joindre les deux bouts. En attendant la prochaine récolte.