Madagascar : fermeture d’un restaurant après une intoxication alimentaire du Président


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Andry Rajoelina
Le Président malgache, Andry Rajoelina

Après avoir été victime d’une intoxication alimentaire, le 8 mars 2025, le chef de l’État malgache, Andry Rajoelina, a ordonné la fermeture pure et simple de ce restaurant très fréquenté dans la ville côtière de Majunga.

A Madagascar, un incident sanitaire a attiré l’attention de toute l’île. Alors que le couple présidentiel malgache organisait une cérémonie officielle pour célébrer la Journée des droits des femmes, le 8 mars, le déjeuner réunissant des membres du gouvernement, des représentants du secteur privé et de la société civile, a viré à un désastre. En effet, plusieurs dizaines de personnes sont tombées malades. Parmi les victimes figurent le Président Andry Rajoelina et son épouse.

Selon RFI, le Président Andry Rajoelina a révélé publiquement, dès le 10 mars, qu’il était victime d’une intoxication alimentaire, sans préciser les circonstances exactes de l’incident. Il a rassuré le public en affirmant qu’il se remettait progressivement de cet épisode. Cependant, l’événement a pris une tournure plus sérieuse lorsque, deux jours plus tard, le ministère du Tourisme a pris la décision de fermer sur-le-champ le restaurant, un établissement bien connu à Majunga.

Des critiques sur la décision gouvernementale

Cette fermeture a provoqué une réaction immédiate de la part des habitants, certains jugeant la mesure excessive, tandis que d’autres la soutiennent comme une nécessité sanitaire. Le député d’opposition de Majunga, Christian Afakandro, a vivement critiqué cette décision, la qualifiant d’abusive et de partielle. Il a rappelé que des intoxications alimentaires étaient relativement fréquentes à Majunga, notamment en raison des températures élevées et des difficultés liées à la conservation des aliments dans un climat aussi chaud.

Selon lui, une telle situation aurait mérité une simple mise en garde ou un avertissement, plutôt qu’une fermeture immédiate du restaurant. « Il y a un véritable deux poids, deux mesures dans cette décision. Les intoxications alimentaires sont courantes dans cette région, alors il aurait fallu faire preuve de plus de tolérance », a-t-il déclaré. D’un autre côté, certains responsables politiques, dont la sénatrice Lalatiana Rakotondrazafy, se sont montrés plus favorables à la mesure.

Des répercussions sur l’économie locale

Victime de l’intoxication elle-même, elle a estimé que la fermeture de l’établissement était une mesure de santé publique parfaitement légitime. « Le nombre de personnes intoxiquées est important. Ignorer cette situation aurait été bien plus scandaleux », a-t-elle affirmé, soulignant l’importance de protéger la santé de la population, surtout après un incident de cette envergure.

L’impact de cette décision ne se limite pas à la politique. Majunga, ville prisée des touristes nationaux, repose en grande partie sur le secteur touristique et l’industrie de l’hôtellerie et de la restauration. La fermeture du restaurant de l’hôtel Coco Beach a donc des conséquences directes sur l’économie locale. Les entreprises liées au tourisme redoutent des effets à long terme sur l’image de la ville et sur l’afflux des visiteurs. Cet incident survient dans un contexte où le pays a déjà été secoué par d’autres scandales sanitaires.

Un précédent sur la Grande Île : le scandale du riz avarié

En fin d’année 2023, Madagascar a été secouée par un scandale sanitaire lié à une cargaison de riz avarié. Ce riz, stocké au port de Majunga depuis 2017, a été reconditionné et mis en circulation sur le marché local. Cette découverte a entraîné une enquête qui a révélé des irrégularités de grande ampleur. Des responsables locaux, dont le directeur du ministère du Commerce de la région Boeny et le préfet, ont été placés sous mandat de dépôt.

Des révélations récentes ont aussi impliqué un député, qui a été intercepté alors qu’il tentait de quitter le pays. Les autorités ont également saisi de nouveaux stocks de riz avarié dans le port de Tamatave, en janvier 2024, exacerbant ainsi les inquiétudes sur la sécurité alimentaire à Madagascar. Le scandale du riz a fait ressortir des failles dans la gestion des stocks alimentaires, ainsi qu’une certaine lenteur des autorités à réagir.

Plusieurs questions demeurent sans réponse concernant l’implication de responsables politiques dans cette affaire. Pourquoi le riz n’a-t-il pas été détruit plus tôt, comme l’exigeaient les procédures ? Pourquoi certains responsables ont-ils tardé à agir ? Ces interrogations ont alimenté les critiques sur le manque de transparence et d’efficacité des autorités dans la gestion des crises sanitaires.

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