Des échanges de coups de feu entre les forces d’intervention de la gendarmerie (FIGN) du camp Duchesne et les forces de sécurité ont eu lieu, jeudi, à Antanarivo, la capitale malgache. Selon certains témoins, la fusillade aurait fait deux morts et plusieurs blessés. La veille, les FIGN avaient appelé la population, hostile au président du régime en place Andry Rajoelina, à rejoindre leur camp.
Depuis 10H45 (7H45 GMT), des tirs nourris réguliers se font entendre à Fort Duchesne, à Antananarivo, la capitale malgache. Une fusillade a éclaté, jeudi, entre les éléments de la force d’intervention de la gendarmerie (FIGN) du camp du Fort Duchesne et les forces de sécurité. Selon le collectif de soutien à Marc Ravalomanana l’ancien président déchu, deux militaires des Forces légales auraient été tués. « J’ai déjà vu une ambulance de la Croix Rouge passer. Et selon les journalistes présents sur place, il y aurait plusieurs blessés », témoigne Sylvain Ranjalahy, le rédacteur en chef de l’Express de Madagascar.
Selon un habitant de la capitale, ce matin, aucun appel au calme n’avait été diffusé sur la télévision malgache, et à Antananarivo, seulement quelques boutiques ont été fermées. Pour l’instant, on ignore si des civils ont été touchés. Seule certitude, le mouvement ecclésiastique protestant, initié par des pasteurs, essentiellement issus de l’Église réformée (FJKM), ainsi qu’une partie de la population ont rejoint depuis ce matin le FIGN alors qu’ils manifestaient contre le président du régime en place, Andry Rajoelina.
Une attaque prévisible
La veille, les forces d’intervention de la gendarmerie avaient appelé dans un communiqué les Malgaches à soutenir leur cause. Des éléments du FIGN, dont le colonel Raymond Andrianjafy semble être le leader, demandaient notamment la démission du général Bruno Razafindrakoto, soutenu par Andry Rajoelina. Selon eux, ce haut gradé n’aurait pas redistribué à la garnison de Fort Duchesne les 500 millions d’ariary (près de 190 000 euros) remis par Marc Ravalomanana en 2009. Mais ce n’est pas leur seule revendication. Le 5 mai dernier, le FIGN avait demandait le départ du gouvernement de transition et la mise en place d’un «comité militaire» qui « serait ouvert à toutes les sensibilités politiques », peut-on lire sur All Africa.
Depuis cette annonce, les forces armées étaient sur le qui-vive. D’après certains quotidiens malgaches comme l’Express de Madagascar et la Tribune de Madagascar, cette attaque entre les deux forces militaires était prévisible. Mercredi déjà, vers 18 heures (15H00 GMT), des barrages, qui interdisaient l’accès au Mausolée et au quartier d’Ambaranjana avaient été érigés par le FIGN. Des éléments cagoulés et armés étaient placés devant ces points de contrôle. «D’après nos renseignements, notre camp va être attaqué d’un moment à l’autre. Nous nous y sommes préparés depuis avant-hier (mardi), mais la menace ne semble confirmée qu’aujourd’hui (mercredi)», avait expliqué dans un communiqué, le Colonel Raymond Andrianjafy.
Selon Sylvan Ranjalahy, quelques milliers de Malgaches, militaires et civils confondus, seraient à Fort Duchesne, sur le lieu de la fusillade. Si les tirs ne cessent pas, le bilan des victimes pourrait s’alourdir durant les prochaines heures.