La situation stagne à Madagascar avec une transition sans fin qui dure depuis quatre ans. La Grande île reste paralysée par une crise politique qui compromet toute programmation de la Présidentielle. Les appels de la Communauté internationale n’y feront rien. Madagascar est dans une impasse qui risque de durer encore longtemps.
Prévue initialement les 8 mai et 3 juillet 2013, ensuite le 24 juillet, pour finalement être reportée au 23 août, la Présidentielle connaît des rebondissements qui laissent présager une crise politique partie pour durer. D’autant plus que les ultimatums lancés par la Communauté internationale ont expiré à tour de rôle, sans aucun changement sur la ligne de conduite de gouvernement de transition en place. Le dernier en date a été lancé ce mardi 6 août, par la représentante de l’Union européenne, Catherine Ashton. Quatre jours seulement après la dernière mission du Groupe international de Contact dans la crise à Madagascar (GIC-M), conduite par le médiateur de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe), Joaquim Chissano et le Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union africaine, Ramtane Lamamra. Autant dire que les réunions de sortie de crise à Madagascar se poursuivent et n’aboutissent à rien.
Une question qui dépasse la stratégie internationale
Aux dernières nouvelles, la date officielle de la Présidentielle était maintenue pour le 23 août prochain. Ce qui a suscité nombreuses questions, compte tenu de la situation de crise qui sévit sur la Grande île. Il n’y avait presque aucune chance pour que cette date soit respectée. Etant donné que les trois candidats désavoués – Andry Rajoelina, actuel Président de la transition qui avait pourtant annoncé en janvier 2013 qu’il n’allait pas se présenter à la Présidentielle, l’ex-président de la République malgache, Didier Ratsiraka, et Lalao Ravalomanana, épouse de Marc Ravalomanana, ancien Président malgache, actuellement en exil en Afrique du Sud – refusent de se retirer de la liste des prétendants au fauteuil présidentiel. La décision de ces trois candidats de vouloir à tout prix se présenter à la Présidentielle, malgré une forte opposition et du peuple malgache qui convoque l’invalidité de leur candidature, envenime la situation et fait vouer à l’échec tous le processus mis en œuvre par la Communauté internationale, les différente missions qui ont été dépêchées sur place, et surtout la Commission électorale nationale indépendante pour la transition (CENI-T).
Enième réunion du GIC-M en septembre
Le GIC-M, par la voix de son médiateur par ailleurs ex-Président mozambicain, Joachim Chissano, a fait savoir lors d’une conférence de presse tenue à l’hôtel Colbert d’Antaninarenina (Antananarivo), ce 2 août 2013, qu’une « nouvelle liste des candidats va être arrêtée par la nouvelle Cour électorale Spéciale qui est en train d’être créée par la loi qui vient d’être promulguée, par le Président de la Transition ». Ce qui, parallèlement, laisse sous-entendre une nouvelle prolongation du scrutin. Le GIC-M confirme qu’il se réunira pour faire un énième point sur l’évolution de la situation à Madagascar en début septembre. Pendant ce temps, il demande à la transition malgache d’organiser la Présidentielle avant fin 2013. Ce qui relève d’un défi. Ça sera donc au terme de cette réunion de l’automne prochain que la Communauté internationale adoptera sa «nouvelle position définitive ».
Piqûre de rappel de l’union européenne
Face aux incertitudes autour du processus électoral, l’Union européenne vient au secours de la délégation du GIC-M, dans le but de faire respecter les exigences de la Communauté internationale. Le gouvernement de la transition malgache a donc deux semaines pour fixer de nouvelles bases adéquates pour l’organisation de la Présidentielle et des Législatives. Le porte-parole de l’UE, Catherine Ashton, s’est dit « préoccupée » par l’ « absence de progrès dans la mise en œuvre de la feuille de route ». « L’Union européenne serait déterminée à adopter, en concertation avec d’autres partenaires internationaux et en ligne avec les recommandations du GIC-M, des mesures restrictives ciblées exclusivement sur les personnes faisant obstacle au processus électoral et à la mise en œuvre de la feuille de route », selon un communiqué de l’UE datant du 6 août.
Tenant en compte la collaboration annoncée par l’Union européenne avec des partenaires internationaux, dont le GIC, l’ultimatum lancé mardi 6 août par Cathertine Ashton, ne serait qu’une pression de plus. Puisque le GIC-M, en parfait accord avec la SADC, affirme attendre septembre pour décider de la politique à adopter à Madagascar.