Depuis plusieurs années, le Président malgache, Andry Rajoelina, mène une diplomatie originale, à rebours de celle pratiquée par ses prédécesseurs. Pour assurer le développement de l’île, l’État malgache multiplie les partenariats avec les pays en voie de développement en Afrique et dans l’Océan Indien, ne comptant plus uniquement sur le bon vouloir des pays européens et des États-Unis.
En novembre prochain, les Malgaches se rendront aux urnes pour choisir leur prochain président de la République. Et Andry Rajoelina, l’actuel chef de l’État, remettra en jeu son mandat avec un l’espoir d’être élu une seconde fois à la tête de son pays. Un premier mandat qui touche à sa fin donc, et qui aura été marqué par une diplomatie résolument tournée vers son voisinage proche. Une approche inédite qui ouvre de nouvelles perspectives de coopération.
Dernier exemple en date, le 15 juin dernier, lors du Sommet de l’Organisation internationale du Travail (OIT) à Genève. Andry Rajoelina y a rencontré Cyril Ramaphosa, Président de l’Afrique du Sud, pour discuter du renforcement de la coopération entre les deux pays. Au cœur des discussions, la protection des Zones économiques exclusives (ZEE) et des territoires maritimes partagés. Comment garantir la lutte contre la pêche illicite et les trafics en tous genres, y compris celui de l’or ? Comment valoriser et protéger conjointement les ressources maritimes et naturelles ? Comment coordonner la formation navale entre les deux pays ? Autant de dossiers chauds sur lesquels les deux pays travaillent étroitement, depuis de nombreuses années, en toute indépendance.
Une rencontre et une méthode symptomatique de la « nouvelle diplomatie » malgache, qui a multiplié, ces dernières années, les accords et les contrats avec une multitude de pays africains et de nations de l’Océan Indien.
Renforcement des partenariats régionaux
« La coopération Sud-Sud représente une réelle opportunité pour accélérer l’émergence d’une Afrique nouvelle, forte et visionnaire », déclarait, d’ailleurs, en janvier 2023, Andry Rajoelina, dans une interview accordée à la presse marocaine. « Les pays du Sud ont déjà contribué à plus de la moitié de la croissance mondiale, ces dernières années. Il est temps de révéler leur plein potentiel et de faire preuve d’une solidarité renforcée dans l’effort de développement ». Une diplomatie qui assume désormais de ne plus compter exclusivement sur le bon vouloir des Américains ou des Occidentaux pour monter de nouveaux projets de coopération.
D’ailleurs, au Maroc, des liens étroits se sont tissés entre Antananarivo et Rabat. Différents projets de coopération sont en cours, portés par des entreprises marocaines. La valorisation et la préservation du Canal des Pangalanes, véritable joyau malgache, figure parmi les priorités communes. Mais ce n’est pas tout : la construction d’un Hôpital Mère & Enfants et d’un Complexe de formation professionnelle dans les secteurs du tourisme, du BTP et de la restauration est également prévue. Autant d’initiatives qui renforcent les liens entre les deux pays.
Idem avec l’Égypte : en novembre 2022, un important contrat fut signé entre l’État malgache et la société égyptienne SAMCRETE pour la construction de la première autoroute malgache, reliant Talata-Volonondry à Antananarivo. Un projet important pour le pays — qui souffre d’une congestion sur ses axes de transports — et pour le chef de l’État qui cherche à imprimer son image de « Président bâtisseur ».
Madagascar se pose en terre d’investissement
Une dynamique africaine, mais pas uniquement : présidant « la Commission de l’Océan Indien », depuis février 2022, Madagascar en profite aussi pour imprimer sa marque et se positionner en défenseur de la sécurité régionale et de la souveraineté alimentaire : comment renforcer l’architecture de sécurité maritime dans la région ? Comment faire de « l’île rouge » le « grenier de l’Océan Indien » ?
Comment améliorer les infrastructures commerciales ? Pour répondre à ces défis, Madagascar se pose, auprès de ses voisins, en terre d’investissement porteuse de croissance, conjuguant une vision globale et une série d’actions locales concrètes. Une approche totale, qui doit désormais composer avec le réchauffement climatique qui bouscule la donne agricole, économique et politique de toute la zone.
Lire aussi : Madagascar : « Brookesia nana », le reptile à la taille d’une cacahuète