Andry Rajoelina, le nouvel homme fort de Madagascar, a formé lundi un nouveau gouvernement qu’il a qualifié de « républicain ». Mais il ne s’est pas au préalable mis d’accord sur la répartition des postes comme le prévoyait les accords de Maputo du mois dernier. La Communauté économique de l’Afrique Australe (SADC), le groupe de médiation internationale, tout comme les principales mouvances politiques malgaches ont condamné son attitude et rejeté son gouvernement. La SADC a aussi décidé de maintenir la suspension de Madagascar de ses instances.
Andry Rajoelina, est désormais isolé. A l’issue de son 29e sommet, mardi à Kinshasa, la Communauté économique de l’Afrique Australe (SADC), qui regroupe 15 Etats de la sous-région, s’est dite opposée au gouvernement formé le même jour, par l’ancien maire d’Antananarivo. « Le sommet a rejeté et fermement condamné toute décision unilatérale qui violerait l’esprit des accords de Maputo », lit-on dans le communiqué final du sommet.
Rebelote
C’est la deuxième fois depuis la fin de la semaine dernière, qu’Andry Rajoelina subit les reproches de la communauté internationale. Lundi, le Groupe International de contact (GIC) que préside l’ancien président Zambien Joachim Chissano, et qui a fait la médiation pour la fin de la crise à Madagascar, avait été tout aussi sévère à son égard. Dans un communiqué publié lundi, le GIC a déclaré rejeter « toute solution unilatérale » à la crise malgache. Une claire allusion à la décision vendredi dernier d’Andry Rajoelina, de conserver son premier ministre Monja Roindefo, alors que son maintien était l’un des principaux points de discorde des négociations de Maputo.
Un gouvernement rejeté par tous
Andry Rajoelina ne s’est pas contenté de maintenir son premier ministre contesté. Il l’a chargé le même jour de former, dans les 72 heures, un gouvernement de consensus ouvert aux autres formations politiques malgaches. Mardi, dans la mi-journée, Monja Roindefo a présenté en direct à la télévision, un nouveau gouvernement, légèrement remanié, dans lequel son camp se taille la part du lion, ne laissant que des miettes aux trois autres principales formations politiques de la Grande Île.
La nouvelle équipe qui est entrée en fonction mardi est composée de trente et un membres, mais ne comporte que treize nouveaux entrants. Dix huit ministres, parmi lesquels ceux des Forces armées, des Affaires étrangères, de la Justice et de la Sécurité intérieure ont conservé leurs postes. Quelques personnalités proches des anciens présidents Marc Ravolomana, Didier Ratsiraka et Albert Zafy figurent parmi les nouveaux venus. L’ancien président du Sénat Rajemison Rakotomaharo, et l’ancien président de l’Assemblée nationale sous Marc Ravalomanana Jacques Sylla, ont également été nommés aux postes de vice-président de la transition et de président du Congrès, la chambre basse du parlement.
Monja Roindefo, a laissé entendre que ce gouvernement organisera de nouvelles élections, avant la fin de l’année prochaine. Le GIC n’a pas caché son désaccord vis à vis de ce passage en force. « La charte de la Transition et les accords signés à Maputo demeurent le cadre de consensus pour une sortie de crise pacifique. (…) Le GIC appelle les parties malgaches à poursuivre le dialogue inclusif en vue d’une répartition consensuelle des postes de responsabilité au sein des institutions de la Transition», ont écrit Joachim Chissano et ses collègues dans leur communiqué de mardi.
L’opposition a également fait savoir que ce gouvernement a été formé en violation des accords de partage de pouvoir conclus en août à Maputo, et qu’elle le rejetait. Même son de cloche du côté de la SADC. L’organisation sous-régionale de l’Afrique australe a décidé de maintenir la suspension de Madagascar de ses instances. Tout aussi remonté contre le tandem Andry Rajoelina/Monja Roindefo, Marc Ravolomana, Didier Ratsiraka et Albert Zafy, qui avaient signé les accords de Maputo, ont promis une réplique concertée avant la fin de la semaine.
Toutes réactions qui laissent désormais Andry Rajoelina seul dans son camp. On n’approche pas encore de la fin de la crise politique qui depuis plusieurs mois paralyse la Grande Île.
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