Un an après s’être installé à la tête du pays, Andry Rajoelina reste inflexible. Malgré les sanctions de l’Union africaine (UA), annoncées mercredi, et une manifestation de l’opposition à Antananarivo, le président de transition de Madagascar, qui avait auparavant malmené les accords de partage du pouvoir avec les autres mouvances impliquées dans la crise, maintient le cap. L’ancien maire de la capitale malgache veut des élections législatives au plus vite. Pour consolider son pouvoir.
Le président de la Haute Autorité de transition à Madagascar, Andry Rajoelina, reste droit dans ses bottes. « Il faut maintenir les décisions prises et organiser des élections au plus vite », assène un proche de l’actuel homme fort de Madagascar, en réaction aux sanctions prises, mercredi, par l’Union Africaine (UA) à l’encontre du régime de Rajoelina. L’organisation panafricaine, qui réclamait l’application des accords conclus à Maputo et Addis Abeba en 2009, portant sur le partage du pouvoir entre les principales mouvances impliquées dans la crise malgache, n’a pas été entendue.
En décembre 2009, le président de la Haute Autorité de la transition (HAT) porte l’estocade au processus de sortie de crise en limogeant, de manière unilatérale, le premier ministre de consensus. Dans la foulée, il annonce sa décision d’organiser des élections législatives anticipées au mois de mai, afin de mettre en place une assemblée constituante. Selon des observateurs, Andry Rajoelina veut des élections rapides parce que sa cote de popularité est en perte de vitesse.
Les sanctions, ciblées, interviennent tout juste un an après l’arrivée au pouvoir de l’ancien maire de la capitale, Antananarivo, au prix d’un coup de force contre l’ancien président Marc Ravalomanana. Outre Andry Rajoelina, les sanctions visent 109 personnalités malgaches. « Principalement le gouvernement, les hautes autorités, des membres des forces armées, des tribunaux (…) », annonce le commissaire à la paix et la sécurité de l’UA, Ramtane Lamamra. Elles concernent des refus de visas, le gel d’avoirs dans des banques étrangères et des refus d’accréditation.
Marc Ravalomanana « supplie »
Marc Ravalomanana a, pour sa part, « supplié », dans un communiqué répercuté par La Tribune de Madagascar, son rival Rajoelina « de travailler avec toutes les parties à Madagascar et la communauté internationale pour restaurer une démocratie constitutionnelle pour Madagascar et atténuer les souffrances du peuple malgache. »
L’UA espère que ces mesures pousseront le régime de Rajoelina à « renouer avec les vertus du dialogue et de la négociation.» Mais à peine les sanctions prononcées, des hommes politiques proches de Rajoelina se sont empressés de réitérer leur détermination à organiser au plus vite des élections, selon l’AFP.
Mercredi matin, des partisans des trois mouvances politiques écartés du gouvernement de transition – celles des trois anciens chefs d’Etat Didier Ratsiraka (1975-1993 et 1996-2001), Albert Zafy (1993-1996) et Marc Ravalomanana (2002-2009) – ont organisé une manifestation à Antananarivo pour protester contre le régime de Rajoelina. Ils ont été dispersés à coups de grenades lacrymogènes.
Au plan économique, la situation à Madagascar risque de se dégrader davantage, l’UA n’étant pas prête de rétablir ses programmes d’aide au développement, suspendus il y a quelques mois. La crise politique actuelle a également conduit à la suspension de l’aide, essentielle, des bailleurs de fonds à la Grande l’Île. Un pays qui compte parmi les plus pauvres au monde.