L’homme fort de Madagascar Andry Rajoelina s’est entretenu, mardi, pour la deuxième journée consécutive, avec les forces armées du pays. Au programme : la mise en place d’un « gouvernement neutre » qui serait composé, d’après les médias malgaches, soit de militaires et de civils, soit de technocrates sans étiquette politique. Une décision qui intervient après l’échec des négociations des quatre mouvances politiques de la Grande Ile, à Pretoria, en Afrique du sud.
«Nous sommes décidés. Nous avançons. Lorsque les hommes politiques ne s’entendent pas, il faut laisser la direction du gouvernement et des structures dirigeantes à des personnalités neutres pour qu’il y ait égalité de chance aux diverses élections», a expliqué, lundi, lors d’une conférence de presse, le leader malgache à l’issue de l’échec des négociations entre les quatre mouvances politiques du pays, à Pretoria, en Afrique du Sud. L’homme fort de la Grande Ile s’est entretenu, mardi, pour la deuxième journée consécutive, avec l’armée pour discuter de la mise en place d’un gouvernement neutre. On ignore encore quelle en sera sa composition. D’après les médias malgaches, deux possibilités seraient envisagées : un gouvernement militaro-civil ou un gouvernement de technocrates sans étiquette politique.
Dans l’ombre de la Grande Muette
Le 12 avril dernier, les responsables des Forces armées du pays avaient exhorté Andry Rajoelina à leur fournir « une feuille de route » sur la conduite des affaires du pays et un calendrier de sortie de crise. D’après ce document dont le quotidien malgache Midi Madagasikara s’est procuré une copie, celle-ci comporterait l’élaboration de la Constitution de la IVe République, l’organisation de la conférence nationale et l’organisation des élections dans les plus brefs délais avant le 31 décembre 2010 et un référendum constitutionnel prévu le 11 août prochain. La Grande Muette devrait prendre sa décision à la fin de la journée de mardi. Pour l’heure, Andry Rajoelina se montre plutôt confiant. « Je crois que nous sommes sur la même longueur d’onde avec les forces armées », a-t-il souligné tout en promettant une « prise de décision d’ici à deux jours ». Selon L’Express de Madagascar, aucune information n’aurait circulé après la réunion. Les deux parties s’attachant à ne rien divulguer avant d’avoir réussi à se mettre d’accord.
Dans les starting-block
Par l’activation de son « plan B », Andry Rajoelina réitère sa décision de ne plus participer à la table des négociations avec les autres mouvances. Celles du président évincé, Marc Ravalomanana, et des anciens chefs d’Etat, Didier Ratsiraka et Albert Zafy. «Les discussions avec les hommes politiques sont finies», tranche-t-il. Joachim Chissano, le médiateur de ces pourparlers, avait pourtant affiché un certain optimisme à la sortie de la rencontre à Pretoria, qui a eu lieu du 28 avril au 1er mai. « Les quatre chefs de file se sont mis d’accord sur un point : que les prochaines réunions soient bien préparées pour qu’il y ait dialogue. Ils se sont parlés sérieusement, ils se sont dits des choses parfois dures. Ils ont accepté tous de se voir ici, à Pretoria, dans quinze jours », explique-t-il lors d’une interview accordée au site d’informations Sobika. Quelques heures après, Andry Rajoelina manifestait son intention de ne plus se rendre aux réunions et de faire cavalier seul.
Cette nouvelle médiation internationale solde une nouvelle fois l’échec de toute tentative de formation d’un gouvernement national. Le leader malgache qui ne souhaite pas partager son gouvernement de transition avec les autres mouvances, se tourne vers l’armée, qui l’avait en mars 2009 conduit au pouvoir. Un nouveau rebondissement pour la Grande Ile qui, depuis fin 2008, est plongé dans une grave crise politique.
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