Andry Rajoelina veut se retirer de la course à la présidentielle, pour aider son pays à retrouver la sérénité, après plus d’une année de transition agitée. Sans plus consulter les autres parties aux négociations de paix, il annonce un calendrier électoral qui sera bouclé fin novembre, avec la tenue d’une nouvelle élection présidentielle. L’opposition reste sceptique.
Andry Rajoelina a décidé de ne pas se présenter à l’élection présidentielle malgache, pour aider à mettre un terme à la crise politique qui secoue son pays depuis plus d’un an, affirme la présidence de la Grande île, dans un communiqué diffusé ce jeudi. Dans ce communiqué qui reprend des extraits d’une allocution lue mercredi soir à la télévision d’Etat, par le président de la Haute autorité de transition, Andry Rajoelina explique sa décision : « Le pays a trop longtemps été victime des anciens tenants du pouvoir et de leurs pratiques politiques (…) notre pays vaut mieux que toutes les ambitions personnelles », a-t-il déclaré, avant d’annoncer qu’il « renonce à (se) présenter aux prochaines élections présidentielles (…) pour pouvoir mener à terme la transition (…) de manière objective et désintéressée ».
Andry Rajoelina, qui a avait hérité du pouvoir en mars 2009 après que l’armée eût contraint à la démission le président élu, Marc Ravalomanana, assure : « Par ce geste, je donne à notre pays la chance de mettre rapidement fin à cette crise politique (…) [Les acteurs de cette crise] n’ont pas le droit de jouer avec la souffrance du peuple malgache ».
Calendrier électoral
Au cours de la même allocution télévisée, Andry Rajoelina a réitéré son souhait de voir les élections législatives et présidentielles se tenir avant la fin de cette année, annonçant un calendrier pour les deux scrutins. Un référendum constitutionnel doit ainsi être tenu le 12 août, suivi des élections législatives le 30 septembre et enfin l’élection présidentielle le 26 novembre.
Andry Rajoelina a invité toutes les forces vives de Madagascar, politiciens, société civile, églises, armée, à le soutenir dans ce processus de transition. Il a néanmoins souligné, dans une interview accordée ce jeudi, à RFI, qu’il estimait que ses prédécesseurs, Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Albert Zafy, ne devaient pas, non plus, se présenter à l’élection présidentielle. «Les anciens présidents ont conduit le pays à la pauvreté. Je ne pense pas que c’est une bonne solution que les anciens présidents se présentent pour ces élections présidentielles», a-t-il déclaré.
L’opposition sur ses gardes
Les anciens présidents, leaders des trois autres principales mouvances politiques de Madagascar, avec lesquels Andry Rajoelina a récemment exclu toute nouvelle négociation, n’ont pas encore réagi. Cependant, des membres de leurs équipes se sont exprimées, saluant sa décision mais conservant toutefois un certain scepticisme. Sa promesse de ne pas se présenter à la présidentielle « n’a aucune importance, car je retiens surtout le caractère unilatéral de son annonce de calendrier électoral », a déclaré à l’AFP le chef de la mouvance de l’ancien président Albert Zafy, Emmanuel Rakotovahiny. «Il faut reconnaître qu’il a eu du courage, mais il est pris en tenaille par les trois mouvances, ses propres alliés, et l’appareil d’Etat qui se délite», estime Raharinaivo Andrianantoandro, de la mouvance de Marc Ravalomanana.
Aucune des trois parties opposées n’est disposée à participer à la première étape de cette nouvelle feuille de route, le «dialogue national» prévu du 27 au 29 mai, la méfiance restant de mise.
Sur le plan international, la France a immédiatement salué l’annonce de M. Rajoelina qui, selon son secrétaire d’Etat à la coopération, M. Alain Joyandet, place Madagascar «sur la voie d’un retour à l’ordre constitutionnel». M. Joyandet a affirmé que «la France sera aux côtés du peuple malgache pour l’aider à relever les défis qui l’attendent» et a assuré qu’elle apporterait à M. Rajoelina «tout son soutien pour atteindre l’objectif qu’il a lui-même fixé d’organiser des élections libres et transparentes avant la fin de l’année 2010».
Par contre, l’Afrique du Sud, impliquée elle aussi dans la médiation, s’est refusée «à commenter des décisions politiques prises individuellement par des dirigeants», exigeant une nouvelle fois le «retour à l’ordre constitutionnel».