Le Conseil de Gouvernement malgache a accepté l’importation de vaches laitière étrangères. S’il se justifie en parlant d’une amélioration du cheptel laitier, tout le monde n’est pas de son avis. Certains Malgaches voient déjà en l’application de ce décret, la disparition des petits éleveurs. Retour sur une mésentente qui pourrait prendre de l’ampleur.
« Il est indispensable de procéder à l’importation d’animaux vivants, de vaches de souche laitière productive », pouvaient lire les Malgaches, il y a quelques jours, dans un communiqué provenant du ministère des Télécommunications, des Postes et de la Communication. Pour les élus, cette décision fait suite à l’offre en lait « insuffisante » du pays. Même si certains expliquent cette volonté de bousculer l’ancienne économie par l’arrivée au pouvoir, il y a deux ans, de Marc Ravalomanana. Entrepreneur de renom et numéro un de l’agroalimentaire, spécialisé dans les boissons non-alcoolisées, dont les produits laitiers.
Les petits producteurs menacés
L’élevage est l’un des principaux secteurs économiques du pays, après le tourisme et la production de vanille. Cette importation d’une nouvelle race bovine ne touchera pas les grands éleveurs « puisqu’ils élèvent les boeufs pour leur viande et non pour le lait », explique un habitant de la capitale. Dans le pays, les grognes sont discrètes. Pour cette femme qui travaille dans une organisation professionnelle agricole pour le développement rural, l’application de ce décret va « tuer les vaches malgaches », qui produisent beaucoup moins de lait que la race australienne qui devrait arriver. Elle souhaiterait plutôt que des aménagements soient apportés aux vaches insulaires comme par exemple, des modifications génétiques ou des inséminations artificielles pour que leur production passe de « 2 litres par jour à 10 litres, voire plus ».
Un vétérinaire vivant sur l’île confie ne pas savoir les termes concrets de cette importation. L’homme qui a dirigé auparavant deux projets d’exploitation bovins sur divers continents avoue pourtant qu’il serait prêt à importer ces vaches si les fermes, l’alimentation, et le vrai parcours de ces animaux sont connus et se révèlent « sains ». « Et, conclue-t-il, cela nous évitera d’acheter du lait (en poudre) occidental ».
Il faudra certainement au gouvernement rassurer les petits paysans, soit en tenant compte de leurs revendications, soit en leur apportant des garanties solides quant à la traçabilité des animaux.