Madagascar 1947 : Chirac se repent


Lecture 2 min.
Drapeau de Madagascar
Drapeau de Madagascar

Le 21 juillet 2005, au premier jour de sa visite d’Etat à Madagascar, le Président français Jacques Chirac a fait acte de repentance, en évoquant la sanglante répression du soulèvement de la Grande Île en 1947. Un pas décisif pour dépasser les blessures historiques et construire un nouvel avenir commun.

Jacques Chirac n’en finit pas de solder les comptes des années noires. Après l’Algérie et les massacres de Sétif, après la complicité de Vichy dans la rafle du Vel D’Hiv… Voici la répression des rebelles malgaches de 1947 à l’ordre du jour ! Son mandat restera comme celui de la lucidité historique, au cours duquel il aura définitivement libéré la France de ses ombres et de ses silences… La patrie des droits de l’homme a eu ses années sombres. Comme l’avait prodigieusement bien écrit Léopold Sédar Senghor, « Seigneur, pardonne à la France qui dit bien la voie droite et chemine par des sentiers obliques… » Cette « Prière de paix » est aussi celle d’un Jacques Chirac décomplexé face au passé colonial de son pays, et capable d’exprimer un sincère regret pour ses dérives.

Une repentance spontanée et explicite

Il a étonné son hôte en évoquant de lui-même, au cours du toast prononcé lors du dîner protocolaire offert par Marc Ravalomanana, Président malgache en exercice, des phrases explicites : « Il faut évoquer les pages sombres de notre histoire commune et avoir conscience du caractère inacceptable des répressions engendrées par les dérives du système colonial. En 1947, le sentiment national montait sur la Grande Île où s’enchaînèrent des événements tragiques. Rien, ni personne, ne peut effacer le souvenir de toutes celles et de tous ceux qui perdirent injustement la vie et je m’associe avec respect à l’hommage qu’ils méritent.»

« Vivre en paix avec le passé », c’est sans doute d’abord reconnaître les fautes et les erreurs qui pèsent sur la relation psychologique entre les deux pays. Or Madagascar et la France sont deux pays fondamentalement proches, amis, liés par des échanges culturels et humains profonds, nombreux, durables. Bâtir une amitié sur un silence honteux, ne pas pouvoir ensemble regarder les plaies cicatrisées, c’est prendre le risque de fabriquer un ressentiment inutile, voire dangereux.

Avec Marc Ravalomanana, né lui-même deux ans après la répression de 1947 qui fit plusieurs dizaines de milliers de morts, Jacques Chirac a choisi de déblayer les contentieux historiques, et de se tourner résolument vers l’avenir. Dans l’espoir de resserrer encore les liens profonds qui existent entre Madagascar et la France.

Lire aussi : La « pacification » malgache de 1947 avait fait 89 000 morts

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News