Macron exige le retrait du M23 et des troupes rwandaises de la RDC


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Payal Kagame, Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi
Payal Kagame, Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi

Le Président français Emmanuel Macron a lancé un appel pressant au « retrait du M23 et des troupes rwandaises » de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), une région minée par des conflits armés. Cette déclaration est intervenue lors de la clôture du sommet de la Francophonie à Paris, au moment où les tensions entre Kinshasa et Kigali atteignent des sommets.

La RDC accuse, depuis longtemps, le Rwanda de soutenir militairement le M23, un groupe rebelle à majorité tutsi qui a repris des activités en 2021, et qui s’est emparé de vastes territoires riches en minerais dans l’est du pays. Kigali nie ces accusations, malgré les preuves avancées par un groupe d’experts des Nations unies. Cette situation a profondément agacé le président congolais Félix Tshisekedi et sa délégation, qui ont quitté précipitamment le sommet vendredi.

Conflit dans l’Est de la RDC : un terrain de luttes multiples

La délégation rd-congolaise dénonçait le fait qu’Emmanuel Macron ait évoqué « toutes les grandes crises mondiales », sans mentionner la RDC, le plus grand pays de la Francophonie. Une source gouvernementale congolaise a confié à l’AFP que le Président français semblait avoir voulu ménager son homologue rwandais Paul Kagame, au grand désarroi de Kinshasa.

La région de l’Est de la RDC est en proie à une multitude de groupes armés depuis des décennies, chacun poursuivant des intérêts divers, souvent liés au contrôle des ressources naturelles. Le M23, soutenu selon Kinshasa par Kigali, n’est qu’une partie du problème. Un autre acteur clé est les FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda), un groupe armé formé par des Hutus ayant fui le Rwanda après le génocide de 1994.

S’assurer un accès aux richesses minières

Les FDLR sont considérés par le régime rwandais comme une menace existentielle, car ces anciens génocidaires sont toujours actifs dans les forêts de la RDC et sont accusés de lancer des attaques transfrontalières contre le Rwanda. Outre le M23 et les FDLR, des dizaines d’autres milices locales et étrangères, telles que les ADF (Forces démocratiques alliées), un groupe islamiste ougandais, sèment la terreur parmi les populations civiles.

Lire :  Est de la RDC : Paris recadre Kigali et Kinshasa au sujet du M23 et des FDLR

Des actions qui rendent toute tentative de stabilisation de la région extrêmement difficile. Les groupes armés exploitent illégalement les ressources minières, notamment l’or et le coltan, alimentant ainsi un cycle de violence quasi ininterrompu. La relation entre la RDC et le Rwanda est historiquement tendue, et les événements récents ont ravivé ces tensions. Kinshasa accuse Kigali de soutenir le M23 dans le cadre d’une stratégie de déstabilisation pour s’assurer un accès aux richesses minières de l’Est de la RDC.

Tensions Persistantes entre Kinshasa et Kigali

De son côté, le Rwanda justifie son implication indirecte par la menace que représentent les FDLR à sa sécurité nationale. Ce jeu de pouvoir entre les deux voisins complique davantage les efforts de paix. Emmanuel Macron a insisté non seulement sur le retrait des troupes rwandaises et du M23, mais aussi sur le démantèlement de tous les groupes armés, y compris les FDLR. Il a exhorté à la reprise d’un processus politique intégrant toutes les parties, y compris le M23, pour restaurer la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC.

Cependant, il a reconnu que la situation reste extrêmement tendue, et qu’une réunion trilatérale entre la France, la RDC et le Rwanda, espérée pour aboutir à un accord de paix, n’a pas eu lieu. À la place, des discussions bilatérales séparées ont eu lieu, signe que les tensions entre Kinshasa et Kigali restent un obstacle à la paix. Malgré cela, Macron a insisté sur le fait que des efforts diplomatiques demeurent « indispensables » pour désamorcer le conflit et mettre fin aux souffrances des populations de l’Est de la RDC, victimes collatérales de ce jeu d’influence entre les deux pays voisins.

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