Wade avait trouvé les « 40 ans du Parti socialiste » là où Macky Sall parle de vandalisme d’État. L’Alternance a imaginé des chemins de traverse pour masquer les carences contre lesquelles les populations essaient de lutter.
Anarcho-communistes, marxistes-léninistes, maoïstes et trotskystes de tout poil du premier cercle du pouvoir nouveau ont étalé ce en quoi ils excellent : l’intox ; en moins de dix jours, ils ont envahi l’espace social sénégalais de déclarations toutes aussi fantaisistes les unes que les autres sur l’état de l’union que tout le monde savait, devant le manque d’orthodoxie du président Abdoulaye Wade. A les en croire, il n’y a plus d’espoir face à l’ampleur d’un désastre que Macky Sall est pourtant invité à contourner, selon la volonté populaire clairement exprimée le 25 mars dernier avec le vote sans ambiguïté des populations sénégalaises appelant leur héros à la rescousse. Cacophonie au sommet de l’État face à une mauvaise politique de communication du nouveau pouvoir qui multiplie les feux de départ avec des ministres de tout acabit, de toutes qualifications soudain experts en toute matière ? Douche froide pour réfréner des ardeurs populaires démesurées ? Simple fuite en avant devant des écuries d’Augias impossibles à nettoyer ?
La célèbre machine à taper « Remington » du début des années 40 qui a prouvé sa classe lors de la Guerre froide en termes d’information et de désinformation pendant le maccarthysme triomphant a laissé la place à un non moins fameux ordinateur à pomme, le « Mac Intosh » pour distiller et débiter une masse d’informations des plus confuses où il est difficile de séparer la bonne graine de l’ivraie.
Ainsi d’une situation économique révélée par Wade dans la dernière ligne droite de la présidentielle de février dernier et que l’on cherche à dramatiser à l’extrême ; au besoin, comme pour un journaliste mal inspiré, on bidonne, on brode, c’est-à-dire qu’à partir d’un petit fait anodin, on essaie d’inventer la poudre à canon.
Wade avait invoqué, face à son incurie cachée mais révélée par les premières douze ans de l’Alternance qui se poursuit sans lui, une mauvaise parade avec ses quarante de règne socialiste comme facteur inhibiteur de sa volonté de changement, alors qu’il avait trouvé au moins les caisses de l’État assez conformes aux vingt ans de sacrifices imposés par Diouf avec le diktat des institutions de Bretton Woods ; l’argument pour expliquer sa carence qu’il a ainsi essayé de masquer n’a pas plus prospéré avec l’argutie des tenants du pouvoir actuel qui ressortent la voiture de Diouf, douze ans après, pour laisser Macky Sall faire sa revue des troupes, le 4 avril, sur une mercédès apparemment rutilante, à la coupe loin de celles des années 2000, en tout cas bien entretenue depuis s’il s’agit de la même. Ce qui laisserait encore un large crédit aux socialistes, si le matériel laissé et trouvé sur place est encore si fonctionnel. Ali Baba et les 40 voleurs l’ont sûrement oubliée, celle-là, s’ils ne l’ont pas jugée trop vieille pour les encombrer davantage, avec les plus de 600 voitures qu’ils auraient volées, avant de vider les caisses de l’Etat obligé de tendre la main sur l’autoroute de la coopération internationale.
En appelant Macky Sall au secours afin d’échapper à la boulimie du clan Wade, les populations sénégalaises connaissaient bien la profondeur de la crise qui frappe le pays et s’attendaient à une solution originale, urgente, à hauteur d’hommes et de femmes en butte à des conditions de survie désastreuses. Pas pour qu’on leur rappelle ce qu’elles savaient déjà : que Wade a ruiné les pays, ses populations, sa faune, sa flore terrestre et sous-marine. Heureusement que certains senti trop tôt l’argutie du pouvoir actuel qui ne saurait longtemps prospérer
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