Le président sénégalais Macky Sall s’est exprimé mardi à la veille du 52ème anniversaire de l’indépendance du Sénégal. Lors de ce premier discours à la Nation, retransmis sur la télévision publique RTS, il a indiqué qu’ « il y a urgence » à redresser le pays et promis la rupture avec l’ancien régime.
Costume gris, cravate couleur ocre, chemise blanche, c’est un Macky Sall très solennel qui s’est présenté à ses concitoyens mardi. Le président sénégalais qui s’exprimait pour la première fois depuis son accession au pouvoir a donné le ton dès le début de son allocution. « Tout est urgent ! », a-t-il déclaré, faisant référence aux nombreux chantiers en attente dans le pays. Dans ce discours bref, qui s’est achevé au bout de 20 minutes, Macky Sall a tenu à montrer qu’il prenait acte du poids qui repose sur ses épaules après les 12 ans de règne de son prédécesseur Abdoulaye Wade.
« Le pouvoir est là pour servir et non se servir ! »
La rupture. Le chef de l’Etat a indiqué qu’elle serait nette avec l’ancien régime. « Gouverner autrement, c’est bannir les passes-droit, le favoritisme et les trafics d’influence », a-t-il dit. A l’adresse de ses collaborateurs, il a précisé qu’il ne protégera « personne ! Le pouvoir est là pour servir et non se servir ! » Il a annoncé également la réduction du train de vie de l’Etat et une réforme de l’administration qui « devra créer un environnement plus convivial fait de respect, de courtoisie, et de transparence pour délivrer un service de qualité au bénéfice des usagers ». Il s’est aussi engagé à assainir « le monde des affaires et lutter contre la corruption ». Le dirigeant a assuré qu’il sera « toujours guidé par le souci de transparence et des responsabilités dans la gestion vertueuses des affaires publiques. Je mets à ma charge l’obligation de dresser les comptes à la Nation et d’éclairer l’opinion sur l’état des lieux ».
Le chef de l’Etat a aussi évoqué le fait qu’il a « parcouru ses dernières années le pays d’Est en Ouest, du Nord au Sud ». Un parcours qui lui a « permis de mieux appréhender les nombreux problèmes auxquels le pays » est confronté. Il a affirmé que le gouvernement répondra à la demande sociale le plus rapidement possible en « réduisant les prix des denrées de premières nécessités, tels que le riz, l’huile et le sucre. « Il y a urgence », a-t-il également précisé, « d’agir contre le chômage des jeunes et de lutter contre l’insécurité et la paupérisation dans les banlieues ».
Lancement d’une couverture maladie universelle
Macky Sall s’est notamment penché sur la question rurale. Il faut rapidement « permettre au monde rural d’accéder aux infrastructures, à l’eau potable, à l’électricité », annonçant que « le gouvernement prépare une campagne agricole pour agir dans le secteur de la pêche » qui souffre depuis de nombreuses années. Concernant l’éducation, il a prévu de rencontrer les syndicats enseignants pour redresser le système éducatif « très mal au point ». Pour améliorer le système sanitaire, il a annoncé le lancement d’une « couverture maladie universelle » qui faciliterait l’accès aux soins à tous.
Quant à la rébellion indépendantiste du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) qui sévit depuis 30 ans dans la région, le nouveau dirigeant du Sénégal a prévu de gérer cette crise avec « les pays voisins de Gambie et Guinée-Bissau ». Il a tendu une « main fraternelle aux dirigeants et combattants de cette rébellion ». Le président a également annoncé la dissolution prochaine de l’Assemblée nationale et un report au 1er juillet des élections législatives, initialement prévues le 17 juin. « Compte tenu des délais courts qui nous séparent de la date des législatives, j’ai consulté la nouvelle opposition (pour un report du scrutin). Faute de consensus, l’Assemblée nationale sera dissoute conformément aux dispositions constitutionnelles », a-t-il déclaré.
Video du discours de Macky Sall
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