Alors qu’il s’était rendu à Thiès, ville située à 70 kilomètres de Dakar, pour les besoins de l’inauguration de l’Institut Supérieur d’Enseignement Professionnel, ce mardi 29 juin 2021, le Président du Sénégal, Macky Sall, n’a dû son bain de foule qu’au « bétail » acheminé pour les besoins d’un accueil trompe l’œil, par les responsables de son parti et ceux des alliés. Car, s’il s’agit des Thiessois dans leur majorité, ils ne peuvent pas être satisfaits de cette visite qui tombe mal. Pourquoi ?
Ce mardi 29 juin 2021, le chef de l’Etat du Sénégal, Macky Sall, s’est rendu dans la Capital du Rail, pour procéder à l’inauguration de l’ISEP (Institut Supérieur d’Enseignement Professionnel) et lancer le guichet Pôle-Emploi-Entrepreneuriat de ladite ville. Si d’un côté, le dirigeant a eu droit à un accueil visiblement chaleureux, il y eut en parallèle des échauffourées et des manifestations hostiles matérialisées par le port de brassards rouges et de pancartes de colère, attribuées à l’opposition. Mais de façade, Macky Sall a eu droit à un beau monde, naturellement drainé par des alliés. Quant au Thiessois lamnda, c’est avec dédain qu’il a vécu cette visite. Explications.
Des marchands déguerpis pour la circonstance
Déjà à la veille de la venue du chef de l’Etat sénégalais dans la ville de Thiès, tous les marchands qui développaient leur business sur l’Avenue Léopold Sédar Senghor, des centaines, ont été déguerpis, à l’exception de celui qui vend les journaux en face de la Banque de l’Habitat du Sénégal, un certain Mamadou Diao. La visite du Président Sall dans la cité oblige. Le commandant du Corps Urbain leur a tout bonnement sommé de fermer… boutique. Pas d’étal, même le petit vendeur de café, avec sa petite pousse, a été sommé de vider les lieux. Ceux-là sont tous des résidents de Thiès. On vous laisse imaginer s’ils accueilleront le Président dans la joie.
Les routes de Thiès dans un état chaotique
Le président de la République débarque dans une ville où le terme Travaux Public est obsolète. Les quelques travaux auxquels opèrent les élus locaux tournent autour de constructions de villas privées d’un luxe d’une insolence inimaginable. Si ce ne sont des morcellements de terres dédiées aux espaces verts ou des champs et autres domaines réquisitionnés chez des tiers et revendus à d’autres types de Sénégalais. Quant aux routes de la ville de Thiès, c’est le chaos, le désastre. Ceux qui empruntent la route quittant l’Hôtel de Ville pour se rendre à l’hôpital régional ne diront pas le contraire. Il en est de même des automobilistes qui passent par la voie de contournement pour entrer dans Thiès. Au niveau du rond-point de la ZAC, face à la nouvelle mosquée. Peut-être que cela a été fait, car Macky Sall venait inaugurer l’ISEP à 150 mètres de là. Devant le Laboratoire d’Analyse, à côté des Manufactures, idem. N’allez surtout pas au Palais des Arts, vous risquez d’y laisser vos amortisseurs. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg.
Thiès est une vile très sale
Macky Sall a effectué son déplacement quelques trois jours seulement après la première pluie qui est tombée sur la Capitale du Rail. Les gens pataugent dans la saleté, que cela soit au marché central, au marché Moussaneté, au marché Grand-Thiès, et dans quasiment tous les quartiers de la ville. Une ville bordée par les ordures où chaque endroit est transformé en décharge publique, du fait d’absence de mécanisme de collecte d’ordures dans la plupart des quartiers. A Thiès encore, les ordures ménagères sont récupérées par des particuliers, avec des charrettes tirées par des ânes. Le quartier résidentiel, 10ème, qui abrite les Manufactures Sénégalaises des Arts décoratifs et le Musée régional, ne fait pas exception. En plus d’être mal éclairé, ce quartier sombre dans la saleté la plus totale du fait d’une absence totale de prise en charge par les autorités de la ville. Et malgré les efforts du Président d’éclairer la ville, le tronçon qui passe devant les Manufactures reste les plus obscurs, et donc repaires de brigands de toutes sortes une fois la nuit tombée.
Les jeunes sont désœuvrés
A Thiès, à part le métier de conducteur de moto Jakarta, il n’y a rien pour les jeunes dont l’avenir est plus qu’incertain. S’ils n’ont pas de moto à conduire et espérer un gagne-pain, ces jeunes sont obligés de quémander, s’ils n’osent pas prendre le risque de se ranger chez les voleurs et autres agresseurs qui commettent des vols à l’arrachée. Des jeunes qui ne savent plus à quel saint de vouer, car ils ne peuvent pas compter sur le plus saint de leurs dirigeants. Et c’est dans ce contexte que le chef de l’Etat Macky Sall a effectué sa visite dans cette ville pour espérer quoi des Thiessois ? Si accueil chaleureux il y a, cela ne peut être que l’œuvre de ce « bétail » collecté dans les différents quartiers par les responsables de la mouvance présidentielle, pour venir faire du bruit autour du Président et lui assurer un bain de foule de façade. Car la plupart de ces personnes sont recrutées, habillées, transportées et payées pour scander le nom du Président et applaudir.
