Lutte contre le radicalisme religieux : le Burkina Faso à l’école du Maroc et de la France


Lecture 3 min.
Un imam (illustration)
Un imam (illustration)

Un imam a été banni des prêches dans les mosquées de la Communauté musulmane au Burkina Faso en raison de discours jugés trop radicaux. Cette mesure, prise par le président du Conseil supérieur des Oulémas, vise à maintenir la modération dans les pratiques religieuses, face à une inquiétude grandissante concernant la radicalisation dans la région, dans d’autres pays d’Afrique et même en Europe.

Discours jugés « extrémistes et dangereux »

Cheick Mahamoudou Bandé, président du Conseil, reproche au prédicateur Ousseini Kaboré des discours jugés « extrémistes et dangereux », qui menaceraient de semer la discorde et d’encourager des comportements violents. L’imam est désormais interdit de prêcher ou de diriger les prières dans toutes les mosquées de la communauté, afin de préserver la cohésion sociale.

Ce phénomène de radicalisation n’est pas limité au Burkina Faso. Le Maroc, par exemple, a également pris des mesures significatives pour endiguer la montée de l’extrémisme dans les mosquées et encadrer le discours religieux. Les autorités marocaines ont mis en place un programme national pour former les imams à un discours plus modéré, dans le but d’empêcher la diffusion d’idéologies extrémistes parmi les fidèles.

Surveiller les prêches et les publications

Pour renforcer ces efforts de contrôle, le Burkina Faso a installé un comité de surveillance le même jour que la sanction imposée à l’imam. Ce comité est chargé de surveiller les prêches et les publications sur les réseaux sociaux, afin de détecter toute déviation pouvant favoriser la radicalisation et proposer des sanctions si nécessaire.

La Fédération des associations islamiques du Burkina Faso avait déjà tiré la sonnette d’alarme en octobre, dénonçant l’influence croissante de discours religieux incitant à la violence et appelant les leaders religieux à adopter un ton de paix et de modération, un enjeu partagé par plusieurs nations africaines.

Vifs débats autour de l’islam en France

Tout récemment en France, l’imam Mahjoub Mahjoubi, de Bagnols-sur-Cèze, a été au centre d’une controverse liée à des prêches perçus comme extrémistes. Accusé d’apologie du terrorisme, l’imam était menacé d’expulsion vers la Tunisie prochainement. Une affaire qui éclate alors que les débats autour de l’islam en France sont de plus en plus vifs. L’avocat de Mahjoubi a confirmé que son client avait été arrêté à son domicile, en vue de son expulsion.

Mahjoub Mahjoubi, qui officie dans le Gard, est sous le feu des critiques après des sermons polémiques tenus récemment, dont un particulièrement remarqué le 10 février 2024. Dans une vidéo largement partagée, il qualifie certains « drapeaux tricolores » de « symboles sataniques » sans « valeur aux yeux d’Allah ». Face aux accusations, l’imam a déclaré que ses propos ne visaient pas le drapeau français, mais des emblèmes utilisés par certains groupes terroristes.

Nécessité d’une surveillance accrue des mosquées

Il a également présenté ses excuses « à tous ceux qui auraient pu se sentir offensés ». Néanmoins, ses explications peinent à apaiser la situation : des voix s’élèvent pour l’accuser de discours haineux et de tentative de radicalisation de ses fidèles. Plusieurs de ses prêches antérieurs sont également pointés du doigt, ce qui alimente davantage les soupçons. Une controverse qui relance également le débat sur la place de l’islam en France et sur la nécessité d’une surveillance accrue des mosquées comme décidée au Burkina Faso.

Avatar photo
Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News