Une équipe de chercheurs anglo-saxons est en train de mettre au point un nouveau moyen pour lutter contre la dengue. Il consisterait à modifier génétiquement des moustiques Aedes Aegypti femelles, responsables de la transmission de cette maladie infectieuse, en empêchant leurs ailes de se développer. Dans les pays tropicaux, quelque 20 000 personnes meurent de la dengue chaque année.
Les moustiques ont du souci à se faire. Une idée de l’équipe de chercheurs américains et Anglais menée par le Pr. Luke Alphey à l’université d’Oxford pourrait bien apporter une avancée décisive dans la lutte contre la dengue, maladie infectieuse transmise par l’Aedes Aegypti. Elle consisterait à introduire dans la nature des milliers d’œufs génétiquement modifiés de femelles moustiques sans ailes (en laissant les mâles capables de voler). Cette méthode pourrait permettre au bout de 6 à 9 mois de remplacer les moustiques porteurs du germe et à terme stopper, ou du moins limiter, la propagation de la dengue. Puisque les femelles sont les seules capables de transmettre la maladie, elles ne pourraient plus voler pour piquer les hommes. Cette méthode dont une présentation a été publiée le 22 février sur le site de Proceedings of the National Academy of Science permettrait notamment d’arrêter, ou tout au moins de diminuer l’emploi de pesticides, néfastes pour l’environnement.
Il n’existe pour l’instant aucun remède à cette infection qui affecte entre 50 et 100 millions de personnes. La maladie, le plus souvent bénigne, est proche d’un syndrome grippal et peut durer 5 à 7 jours. Cependant, la dengue dite « hémorragique », est parfois mortelle.
Un procédé respectueux de l’environnement
Les techniques utilisées à ce jour pour lutter contre la prolifération des moustiques porteurs du virus, telles que l’emploi de petits poissons, et crustacés appelés copépodes, qui s’attaquent aux stades larvaires des moustiques, ne sont pas toujours efficaces. D’autres peuvent parfois, comme avec les insecticides, être très polluantes. La nouvelle méthode de l’équipe de Luke Alphey pourrait donc permettre de trouver une solution à l’infection, tout en préservant l’environnement.
Le Dr Raman Velayudhan du Département Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), considère que « c’est une découverte très importante, très prometteuse ». Il y a cependant, selon lui, encore beaucoup de travail à faire sur le terrain, comme par exemple de savoir si les moustiques femelles génétiquement modifiés pourront survivre dans la nature.
Cette infection sévit principalement en Asie où sa forme la plus virulente, la dengue hémorragique constitue une cause importante de mortalité chez les enfants. Elle est également présente en Afrique , en Polynésie française et en Amérique du Sud. Sur le continent africain, qui a jusqu’ici été épargné par la dengue hémorragique, il est difficile de connaître le nombre réel de cas. En 2009, la maladie était présente dans 19 pays. Les pays africains les plus touchés sont actuellement le Sénégal et le Cap Vert, où sévit une épidémie qui a contaminé quelque 25 000 personnes depuis octobre 2009.
Si la découverte des chercheurs d’Oxford s’avérait concluante, ce sont les vies d’au moins 20 000 personnes qui pourraient être sauvées chaque année.