Lutte contre la corruption au Gabon : huit personnalités placées sous mandat de dépôt


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Justice (illustration)
Justice (illustration)

L’opération anti-corruption déclenchée au Gabon il y a quelques semaines a pris une nouvelle tournure depuis hier, jeudi. Après avoir été écoutées par un juge, huit des personnalités interpellées ont pris le chemin de la prison, tandis que huit autres bénéficient pour l’instant d’une liberté provisoire.

« Des poursuites sont exercées contre des compatriotes pour des faits de détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux (…) Il y a huit personnes qui ont été placées en détention préventive à la maison d’arrêt, et d’autres en liberté provisoire ». Ainsi s’exprimait hier soir à la télévision nationale gabonaise le tout nouveau procureur de la République, André Patrick Roponat.

Aux termes d’une audience tenue de façon ininterrompue du mercredi à 17 h jusqu’au jeudi à 16 h, donc pendant près de 24 heures d’affilée, seize personnes mises en cause dans les affaires de corruption et de détournements de deniers publics ont été écoutées. Si huit parmi  eux ont bénéficié d’une liberté provisoire, tel n’a pas été le cas des huit autres qui ont été placées sous mandat de dépôt.

Le procureur n’a pas communiqué la liste des personnalités incarcérées mais, par des avocats, on sait qu’aucun des dinosaures écoutés n’a réussi à se tirer d’affaires. C’est le cas de Renaud Allogho Akoué, ex-DG de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale ou d’Ismaël Ondias Souna, ancien DG de la Société équatoriale des mines, et même de Herman Nzoundou Bignoumba qui était à la tête de la Caisse de dépôt et de consignation.

Rappelons que toutes les personnalités interpellées sont des proches de l’ex- tout-puissant directeur de cabinet du Président de la République, Brice Laccruche Alihinga dont le propre frère, Grégory Laccruche Alihinga, a été arrêté mercredi dernier. En cause, une affaire de mauvaise gestion d’entreprises publiques et parapubliques, avec en toile de fond la « disparition » d’une somme estimée à 85 milliards de francs CFA.

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Ces différentes arrestations ont fait le vide autour de l’ex-homme fort de la présidence dont la tête pourrait également tomber à tout moment si on se base sur les propos du remplaçant de Ike Ngouoni Aila Oyouomi en tant que porte-parole de la présidence : « Quelle que soit votre place, s’il y a des soupçons, il n’y a pas d’impunité. Maintenant c’est à la justice de faire son travail, de trancher », a laissé entendre Jessye Ella Ekogha.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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