Pratique commerciale autant que politique, la corruption dans les affaires est réellement devenue illégale dans les années 2000. En plein essor économique, le continent africain doit à son tour relever le défi de la lutte anti-corruption pour attirer des investisseurs et des capitaux nécessaires à la création et au développement durable d’entreprises sur son territoire.
Selon l’Union Africaine, la corruption coûterait jusqu’à 25% du PIB à certains pays. Ce fléau conduit à la perte d’environ 50% des recettes fiscales annuelles et engendre une augmentation des prix proche de 25% (Banque africaine de développement). En parallèle, les entreprises africaines font face à une législation mondiale qui s’accélère et à des donneurs d’ordre internationaux de plus en plus exigeants. Pour répondre aux standards mondiaux et conquérir de nouveaux marchés, elles s’arment d’outils inédits. A la clé, l’accès à des marchés exigeants en matière d’intégrité, et le développement d’un cercle vertueux garant de la pérennité des affaires.
ACTE International, expert en « Global Supply Chain Management », accompagne depuis plus de 20 ans les entreprises internationales dans le déploiement stratégique et opérationnel de leur politique RSE (Responsabilité Sociale de l’Entreprise). Avec sa filiale à Casablanca, elle a choisi le Maroc pour proposer aux entreprises de la zone Maghreb/Afrique un programme inédit et ambitieux afin de faire de la prévention de la corruption un réel avantage concurrentiel.
Là où il y a la volonté, il y a un chemin … mais la route peut être longue !
Malgré une mobilisation de plus en plus forte des gouvernements, la lutte contre la corruption est un long processus. L’essentiel en matière de prévention de la corruption est de bâtir des dispositifs de prévention adaptés, durables et faciles à mettre en œuvre. Des initiatives ont vu le jour ces dernières années mais les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous : mise en place de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption au Sénégal, projet de loi relatif à « la confiscation civile » en Tunisie, numéro vert pour dénoncer les cas de corruption au Maroc… « Si l’on se base sur les derniers rapports annuels de Transparency International sur la perception de la corruption, il n’y a pas eu de progression significative sur le continent africain au cours des dernières années. L’environnement des affaires n’est pas encore « eco-friendly » : la corruption entretient un secteur informel et pénalise in fine l’emploi, les coûts de production et le rendement des entreprises. L’écart entre les pays à forte législation anti-corruption tels que les Etats-Unis (FCPA), l’Angleterre (UK Bribery Act), les pays de l’OCDE (conventions anti-corruption) ou la France (avec sa loi Sapin 2 et la loi sur le Devoir de Vigilance) augmente considérablement l’insécurité économique des entreprises », développe Anne Le Rolland, PDG d’ACTE International Groupe.
Répondre aux exigences transnationales, un défi de taille Les grandes organisations internationales comme les Nations-Unies, le Fonds Monétaire International ou la Banque Mondiale et de nombreux pays militent désormais pour un commerce international responsable
« Un défi majeur lancé aux donneurs d’ordres internationaux contraints d’appliquer leurs législations nationales dans leurs activités hors de leurs frontières… Ils engagent de facto leurs fournisseurs, partenaires ou clients du continent africain à se mettre en conformité avec des lois étrangères mais à portée transnationale ! A cette étape de la supply chain, une entreprise locale ayant une activité uniquement nationale doit aligner ses pratiques et dispositifs de prévention de la corruption sur ceux de son donneur d’ordre ou partenaire international », explique Anne Le Rolland.
La prévention de la corruption, un travail de longue haleine
La corruption est avant tout l’arme de l’entreprise en manque de performance, qui peine à innover, à s’adapter, et répondre aux besoins de son marché mieux que ses concurrents. Comment faire de la lutte anti-corruption un facteur de compétitivité ? Cette question était au cœur des deux formations qu’ACTE International a organisé dans la semaine du 10 au 14 avril à Casablanca.
La première sur la certification ISO 37001*, a réuni pendant cinq jours plus de vingt participants marocains, tunisiens, ivoiriens et français venus se former à la cartographie des risques et à l’audit de certification des dispositifs de prévention de la corruption. Animée par Philippe Montigny, Président d’ETHIC Intelligence et Claire Tetart (Responsable certification), cette formation a donné lieu à une remise officielle de certificats. L’acquisition théorique, les exercices pratiques et mises en situation ont été tout autant appréciés que les nombreux échanges qu’ils ont suscités entre les participants.
La seconde s’est déroulée dans le cadre du programme de formation « Gestionnaire Export Confirmé », organisé en partenariat avec l’ASMEX. La journée consacrée au thème « Garantir la compliance à l’exportation » et animée par Anne Le Rolland, PDG Groupe d’ACTE International, a réuni dix participants. Les salariés d’entreprises marocaines ont pu travailler sur les risques de corruption à l’export.
A l’initiative de ces deux temps forts de la semaine, Mathieu Fourcade, responsable des activités Maghreb/Afrique et dirigeant d’ACTE International au Maroc, entend bien ne pas s’en arrêter là. « La lutte contre la corruption passe avant tout par la formation et la compréhension des mécanismes de la corruption pour ensuite être mieux armé pour la combattre. Les certifications ISO 37001 et ETHIC Intelligence en sont deux étapes clés. Le processus peut être long à engager, mais il est rare de faire marche arrière ! ». De nouvelles sessions de formation sont d’ores et déjà programmées pour le deuxième semestre 2017.
*L’ISO 37001 définit des exigences et fournit des préconisations pour l’établissement, la mise en œuvre, la tenue à jour, la revue et l’amélioration d’un système de management anti-corruption
Par Julie Brocher