Le 17 janvier 1961 disparaissait Patrice Émery Lumumba, le premier des Premiers ministres de la République Démocratique du Congo, architecte de l’indépendance congolaise. Dans cette période troublée où le peuple se cherche un Président pour diriger la première transition démocratique de son histoire, l’ombre du héros national congolais plane encore sur son pays et même sur tout le continent africain, tant ses idées forces restent d’actualité. Retour sur un passé toujours présent dans les querelles entre Tshisekedi le Président élu, Fayulu le Président du peuple, et Kabila le président de fait du grand Congo.
Selon le grand philosophe français Jean Paul Sartre, Lumumba « demeurera dans la conscience africaine comme une exigence qu’ils ne peuvent ni remplir ni écarter ». Sa noblesse fera éternellement de l’ombre à ceux qui postuleront à la gouvernance du Congo. Rappelons nous lorsque bravant le protocole lors des cérémonies de l’indépendance du 30 juin 1960, patrice Lumumba pris le micro et déclara : « Africains, femmes et hommes épris de liberté, écoutez et remémorez-vous le verbe digne, la voix claire et courageuse de Patrice Emery Lumumba ! Congolais et Congolaises, Combattants de la liberté, aujourd’hui victorieux, je vous salue au nom du gouvernement congolais.(…) Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable, pour mettre fin à l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force. (…)
Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses; exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort même.
Qui oubliera enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’injustice, d’oppression et d’exploitation ? »
Lire l’analyse très complète de Edgard Kiganga Siroko : Patrice Emery Lumumba, un combat politique à méditer
Ces mots résonnent encore cruellement aujourd’hui. Idéaliste, Lumumba avait sous-estimé les enjeux internationaux, la lâcheté et la corruption de ses pairs, la puissance des Etats-Unis, l’hypocrisie de la Belgique et la passivité de l’ONU. Il est triste de se dire qu’aujourd’hui finalement le constat reste grandement le même. Dans une interview donnée à Afrik.com, France Debray déclarait qu’il fallait « trois générations pour se remettre du choc d’une indépendance aussi mal partie, pour se défaire de toutes les mauvaises habitudes prises (…) pour remettre en état un pays qui a été ravagé entièrement », on y arrive et c’est pourquoi l’élection actuelle est cruciale car elle doit permettre d’aboutir enfin à la mise en place d’un Gouvernement démocratique ».
Dans sa lettre d’adieu écrite de prison à sa compagne Pauline quelques jours avant sa mort, Lumumba disait : « A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres ».
Lire La lettre testament de Patrice Lumumba
Vidéo de la cérémonie de l’indépendance, le 30 juin, à Léopoldville qui donne essentiellement une visibilité au roi Baudouin et au Président Kasavubu, dont le cortège est acclamé, plaçant Lumumba en arrière-plan.
