Un ancien international guinéen nous a accordé une interview. Il s’agit de Lonsana Doumbouya, un footballeur professionnel évolue au poste d’attaquant qui évolue aujourd’hui dans le championnat Thaïlandais. Âgé de 32 ans, le joueur formé en France nous parle de sa carrière professionnelle, ses fortes attaches avec le continent africain et ses perspectives d’avenir. Ci-dessous l’intégralité de notre échange.
Afrik.com : On surnomme affectueusement le club où vous évoluez en tant que professionnel « Le PSG de la Thaïlande ». Pouvez-vous nous en dire plus sur cette belle aventure que vous vivez ?
Lonsana Doumbouya : J’évolue sous les couleurs du Buriram United. C’est vrai que notre club est assez performant à l‘échelle du continent asiatique. Nous avons réalisé le triplé Coupe Nationale/Championnat/League Cup, l’an dernier. Cela a consacré, en quelque sorte, un des effectifs les plus talentueux dont j’ai pu faire partie.
Il est donc aussi possible, cette saison, que vous jouiez contre certaines grosses pointures du championnat saoudien en Ligue des Champions Asiatique ?
En théorie, cela a de fortes chances de se produire. Tous ces joueurs vont apporter une belle visibilité à notre championnat continental. Indirectement, cela bénéficiera à beaucoup d’acteurs qui œuvrent, depuis des années, à la montée en gamme du football professionnel asiatique.
Parlez-nous un peu de votre intégration dans le championnat thaïlandais qui nous est moins familier ?
J’évolue en Asie, depuis 5 ans maintenant. J’ai pris du galon, pour ainsi dire, de façon assez graduelle. C’est peut-être la décision elle-même de venir qui a été le plus difficile à prendre. J’avais le sentiment d’avoir fait le tour de ce que les championnats européens pouvaient m’apporter. En tant qu’avant-centre, j’ai trouvé en Thaïlande un championnat compétitif où je peux exprimer mes qualités. J’ai d’ailleurs joué dans plusieurs effectifs thaïlandais, mais aussi en Chine, au Shanghai Shenshua.
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Quel a été votre parcours avant cela ?
Je suis assez attaché à la ville où j’ai grandi : Limoges. J’y ai fait mes premières classes en tant que jeune footballeur avant de rejoindre le Centre de Formation de l’EA Guingamp. J’ai ensuite évolué dans plusieurs écuries des championnats belges et plus succinctement en Autriche ainsi qu’en Écosse. Toutes ces expériences m’ont beaucoup aguerri et font aussi de moi le footballeur que je suis devenu aujourd’hui.
De quels succès êtes-vous le plus fier durant votre carrière de footballeur professionnel ?
Sur un plan individuel, j’ai été sacré meilleur buteur du championnat Thaïlandais, il y a 3 ans. Pour un avant-centre, c’est toujours une distinction importante. Au-delà des statistiques, je suis assez fier de l’abnégation dont j’ai pu faire preuve tout au long de mon parcours. C’est aussi dans les temps faibles sportifs que l’on se forge en tant que joueur. J’ai eu mon lot de déceptions et de promesses non tenues. Je suis assez fier de pas m’être laissé décourager pour en arriver là où je suis.
Que représente l’équipe nationale de la Guinée pour vous ?
Avoir pu porter les couleurs de la Guinée est une immense source de fierté, pour moi, mais aussi pour ma famille. Ce sont des souvenirs qui resteront gravés. Aujourd’hui, l’éloignement de mon championnat actuel rend quasi-impossible de pouvoir prendre part à des matchs de la sélection. Je continue toutefois à suivre leurs performances de là où je suis. Je crois beaucoup en l’avenir du football Guinéen.
Quels liens entretenez-vous avec l’Afrique et quelles actions souhaitez-vous y mener ?
J’arrive dans cette phase où je peux, enfin, dédier du temps et des ressources à des initiatives vers le Continent. Je me suis lié à plusieurs ONG qui font un travail concret en Guinée auprès des populations les plus vulnérables. Je travaille également à la création d‘un partenariat pédagogique avec plusieurs Lycée Français dont celui de Conakry. Paradoxalement, c’est en m’éloignant physiquement un peu plus de la Guinée que j’ai pu acquérir les moyens de réaliser les ambitions que j’y nourrissais.
On dit de vous que vous êtes assez entrepreneur de tempérament. Quelle est votre réaction ?
Mes débuts, un peu périlleux en tant que professionnel, m’ont incité à entreprendre assez tôt hors des terrains. Avec mes premières économies, j’ai essayé de ne pas me cantonner qu’à investir passivement dans la pierre. J’ai aussi consacré quelques étés à rénover plusieurs bâtisses. Le goût de l’entrepreneuriat m’est venu de là. Je suis d’ailleurs assez fier d’avoir ouvert, à Limoges, une Maison de charme – la Villa37 – qui offre des prestations hôtelières assez haut-de-gamme. Je ne rêve que d’une chose : y accueillir des visiteurs du continent pour leur faire découvrir ma ville.
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