Londres : 300 écoliers africains ont disparu


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299 élèves d’origine africaine et un d’origine caribéenne ont mystérieusement disparus à Londres en 2001. Scotland yard a annoncé, la semaine dernière, avoir découvert les faits suite à une longue investigation sur un enfant dont le tronc avait été découvert dans la Tamise, un fleuve de la capitale britannique.

Par Nadège Ouinsou

Mystérieuses disparitions. 299 écoliers africains et un Antillais âgés de quatre à sept ans ont disparu en 2001 à Londres. Scotland Yard, qui n’a dévoilé les faits que la semaine dernière, menait une enquête sur un enfant dont le tronc gisait au fond du fleuve londonien, la Tamise. Pour les besoins de ses recherches, la police s’était enquise auprès des responsables de l’Education nationale anglaise du nombre de petits garçons noirs qui avaient brusquement interrompu leur scolarité entre juillet et septembre 2001. Les hypothèses sont multiples.

Des spécialistes de la protection de l’enfance avancent la thèse du trafic d’enfants. Selon la Société nationale pour la prévention de la cruauté envers les enfants, « la plupart des trafics internationaux d’enfants induisent la prostitution des jeunes victimes ». Cependant, la structure estime qu’il est « difficile de se prononcer sur le cas des écoliers africains disparus, parce que les policiers n’ont pas encore retrouvé leurs traces ». Une enquête de la BBC a révélé que certains mineurs seraient retenus par des créanciers de leurs parents afin que ces derniers leur versent des intérêts plus importants. Pour ce qui est du petit trouvé dans la Tamise, baptisé Adam par les forces de l’ordre, ces dernières pensent qu’il a été victime d’un sacrifice rituel, après son arrivée du Nigeria. Avec le pollen trouvé dans ses poumons, l’équipe chargée de l’autopsie a évalué la période de son arrivé à environ deux mois auparavant sa mort. Néanmoins, son identité demeure un mystère.

La clandestinité est la cause du problème

Le chef des inspecteurs à Scotland Yard, Will O’Reilly a reconnu que, malgré des recherches à l’échelle internationale en collaboration avec Interpol, des écoles et une équipe de la protection de l’enfance, seuls deux enfants ont été retrouvés. Il a expliqué que les 300 enfants n’étaient pas retournés à l’école au cours des trois mois précédents le décès du jeune Adam. « C’est un chiffre impressionnant, beaucoup plus que ce que l’on imaginait au début de l’enquête » a-t-il ajouté. La majorité des personnes interrogées avancent que les enfants sont retournés dans leur pays d’origine. Will O’Reilly estime pour sa part qu’ « ils sont perdus dans le système ». Selon la police, bien que rien ne porte à croire qu’ils aient été tués, le manque de données sur l’immigration les rend quasiment impossible à retrouver.

Selon Felicity Collier, directrice de l’Association britannique pour l’adoption et l’accueil, la clandestinité est la cause du problème. Elle en appelle à plus de contrôles. « La triste réalité, c’est que beaucoup d’enfants rentrent dans ce pays et sont ballottés de part et d’autre, soit pour éviter des contrôles d’immigration, soit parce que leurs parents les ont confiés à des étrangers ou à de lointains membres de la famille dans l’espoir que leur progéniture ait une ‘vie meilleure’. Cependant, certains utilisent sans vergogne ces mineurs comme domestiques. Peut-être sont-ils aussi mus par l’appât du gain que représentent les allocations familiales. Nous connaissons suffisamment la protection de l’enfance dans ce pays pour savoir que les enfants sans cadre familial stable sont en danger », a notamment déclaré Madame Collier dans un communiqué de presse de l’association.

La loi 2004 sur les enfants, qui devrait entrer en vigueur cette année, stipule que les autorités locales sont censées conseiller aux personnes qui élèvent un enfant d’en faire part aux services sociaux. Cependant, Theresa May, membre de l’opposition et responsable de l’enfance estime que la loi ne va pas assez loin. Selon elle, il faudrait une clause qui permette d’entreprendre des poursuites judiciaires à l’encontre des réfractaires. Si le mystère reste entier sur les 300 enfants disparus en 2001, la question qu’on n’ose se poser est combien d’enfants du continent disparaissent chaque année en Angleterre ? Une question à laquelle les responsables de Interpol, interrogés par Afrik, se refusent malheureusement à répondre.

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