Les ateliers ambulants de réparation de motos fleurissent le soir sur les boulevards de Lomé. Un moyen pour ces mécaniciens de la nuit d’arrondir les fins de mois. Au grand bonheur des patrons pour qui ils travaillent ou auprès de qui ils louent leur matériel.
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La nuit, au coin des rues, des ateliers ambulants de réparation de motos fleurissent. Ces mécaniciens, apprentis en cours de formation ou chômeurs, veulent ainsi arrondir leurs fins de mois. Le métier de mécanicien pour les deux roues demande deux années de formation et d’apprentissage en atelier chez un patron. Les conditions d’accès sont différentes selon les niveaux d’études. Mais en réalité, tous les candidats sont acceptés et ont la même qualification. Seuls, ceux inscrits dans les écoles professionnelles ont droit au Certificat d’aptitude professionnelle (CAP).
En attendant la fin de leur instruction, ils offrent, à la nuit tombée et au coin des grandes rues, leurs services à des propriétaires de motos. La caisse à outils sous le bras, ils sont nombreux à concurrencer ainsi leurs homologues diplômés. Ces interventions nocturnes concernent les pannes bénignes : crevaisons, pannes électriques, vulcanisations, etc. Pour les grosses pannes, les clients sont obligés d’attendre le lendemain pour se rendre dans les ateliers qui ont pignon sur rue.
Activité palliative
La réparation de nuit est un fait de société et un phénomène urbain qui a pris de l’ampleur avec l’apparition des taxis-motos (ou zémidjan) au cours des années 90. Ces motos d’occasion tombent souvent en panne. Pour guetter la clientèle, ces réparateurs choisissent des endroits nocturnes à forte affluence. A Lomé, le boulevard circulaire du 13 janvier est une place de choix ainsi que les rues des quartiers chauds. » Ils sont indispensables pour nos affaires car ils nous ramènent de la clientèle », nous affirme Kodjo, un tenancier de bar.
L’impact de cette activité informelle sur l’économie nationale semble être minime. C’est pourtant un palliatif au chômage pour les jeunes et une bouée de sauvetage face aux carences de l’Etat. Certains sont incapables d’estimer leurs revenus. » Je fais ça depuis plusieurs années et je suis incapable de vous dire combien je gagne par mois car c’est mon patron qui encaisse toutes les recettes de la nuit « , s’exclame M. Ankou Sylvain qui a terminé sa formation depuis 3 ans et qui n’a pas encore obtenu son diplôme.
Les patrons se frottent les mains
Certains patrons d’atelier exigent que leurs apprentis en fin de formation fassent ce travail en guise de remerciement et de compensation. M. X, patron d’un grand atelier de mécanique, confirme ce fait : » nous sommes obligés de recourir à ces pratiques pour pouvoir joindre les deux bouts car nous avons des contraintes. C’est l’usage « . Ceux qui font ce travail pour leur propre compte louent le matériel des patrons d’atelier entre 1.500 et 2.500 F CFA par nuit. Somme qu’ils remboursent le lendemain : » c’est un peu rentable. En tout cas c’est mieux que de rester à la maison et de mendier. Je rentre parfois avec 14.500 ou 15.000 F CFA les week-ends. Les autres jours cela varie entre 4.000 et 5.000 F CFA seulement » reconnaît Gilles Koudjogan, père de plusieurs enfants qui vit exclusivement de cette activité.
Les autorités ont des difficultés à contrôler ce secteur. Ces mécaniciens de nuit sont sans cesse harcelés par les agents de la mairie qui veut leur imposer une taxe. C’est un racket qui irrite les dépanneurs, car ce ne sont pas des ateliers formels et l’argent collecté et négocié à la tête du client va rarement dans les caisses de l’Etat.