Le général Gnassingbé Eyadema entame sa 36e année de pouvoir dans un blocage sans précédent de la vie politique au Togo. Les législatives « anticipées », qui devaient avoir lieu en 1999, sans cesse remises, sont reportées sine die.
Officiellement, les Togolais devront toujours se rendre aux urnes le 10 mars prochain. Officiellement. Car la nouvelle d’un énième report risque de tomber très prochainement. Aucune mesure n’a été prise par Lomé pour la préparation des élections. Tout se déroule comme si cette échéance n’existait pas. Eyadema continue de régner et le Parlement, caisse de résonance du pouvoir, légifère normalement. A une semaine de la date fatidique, l’Assemblée n’a pas été dissoute et fonctionne comme si elle avait l’éternité devant elle.
Dialogue de sourds. L’Union Européenne, principal pourvoyeur de fonds, refuse d’avancer le moindre euro tant que le blocage politique perdure. Et son envoyé spécial ne mâche pas ses mots pour imputer cette crise au pouvoir togolais. Le dialogue intertogolais a fait long feu. L’opposition ne veut plus discuter avec le gouvernement et exige que Gnassingbé Eyadema, qui se rêvait arbitre suprême, descende dans l’arène. Refus catégorique du doyen des chefs d’Etat africains.
Comme si cette impasse politique ne suffisait pas, Lomé dissout la Commission électorale indépendante et retient toujours en prison le principal opposant, l’avocat Yawovi Agboyibo. Que va faire le président togolais ? Annoncer le report des élections et prendre le risque d’un isolement encore plus accru, ou laisser son gouvernement trouver la meilleure façon de faire passer la pilule ? Le fond du problème demeure Gnassingbé Eyadema. Quelque soit son choix, il risque de braquer sur lui l’opprobre de la communauté internationale. A moins qu’il ne décide de prendre sa retraite…