Ce 10 mai, la France fête le dixième anniversaire de la loi dite « Taubira » qui reconnaît les traites négrières et l’esclavage en tant que crimes contre l’humanité. C’est également, depuis 2006, la journée nationale des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. Les manifestations, à cette occasion, ont commencé dès le week-end dernier à Nantes, où l’initiatrice du texte de loi, la députée de Guyane Christiane Taubira est ce soir l’invitée d’honneur de la cérémonie officielle. De nombreuses autres célébrations sont prévues sur le reste du territoire français.
Un jour historique. La France commémore chaque 10 mai depuis 2006 la traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions. Cette date correspond à l’adoption cinq ans plus tôt de la loi dite « Taubira », qui fait de la traite négrière et de l’esclavage des crimes contre l’humanité. Différentes manifestations sont prévues à cet effet. A Nantes, ancien grand port négrier de l’ouest, les festivités ont commencé depuis samedi dernier. Christiane Taubira y est attendue ce soir lors d’une cérémonie officielle organisée par la Mairie de la ville. Elle visitera le chantier du Mémorial pour l’abolition de l’esclavage.
Des commémorations à travers le pays
Manifestations et autres événements vont se dérouler sur tout le territoire mardi et dans le courant du mois de mai. Dans la capitale, une cérémonie nationale en présence du président de la République, Nicolas Sarkozy, est prévue mardi matin, 11h00 (heure locale) au Jardin du Luxembourg à Paris, lieu où a été installé un monument en hommage à la mémoire des esclaves. Une autre stèle y sera dévoilée à cette occasion.Toujours à Paris, la maison de l’UNESCO organise des conférences et débats de 14h00 à 19 h30[Au 125, avenue de Suffren, Paris 7ème]] et le musée du Quai Branly va accueillir du 11 au 13 mai un colloque international intitulé [« Exposer l’esclavage : méthodologies et pratiques».
Une cérémonie officielle se tiendra au Havre, ville située du nord-ouest de la France, le 10 mai à 11h. Elle sera suivie d’une rencontre à 18h autour de dix ans de recherches historiques sur cet ancien port négrier, et du spectacle Roads to freedom en soirée. Du 2 au 28 mai, la commune propose des expositions photographiques sur « l’esclavage moderne ». Plus généralement, chaque région devrait célébrer à sa manière, à travers diverses manifestations, la mémoire de cette page sombre de l’histoire de France dont la reconnaissance par les parlementaires en 2001 a été particulièrement difficile.
« Une vraie descente aux enfers »
Le 21 mai 2001, le sénat français a adopté à l’unanimité la proposition de loi de la députée Christiane Taubira-Delanon portant à reconnaître le passé esclavagiste de la République française. L’adoption de cette loi mémorielle n’a pas été chose facile. Dans une interview accordée à Ouest-France, celle qui est à l’origine de texte déclare : « J’ai pris des coups. Ces trois années ont été une vraie descente aux enfers. J’ai mis de longs mois à m’en remettre ». Une décennie après le vote de la loi par la seconde chambre dans les mêmes termes que ceux de l’Assemblée nationale, la député guyanaise estime qu’« il reste encore beaucoup de travail à faire notamment gagner la bataille des programmes scolaires ». L’article premier de la loi reconnaît les traites négrières et l’esclavage perpétrés à partir du 15ème siècle comme des crimes contre l’humanité, et l’article 2 stipule que « les programmes scolaires et les programmes de recherche en histoire et en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l’esclavage la place conséquente qu’ils méritent ».
En France, l’esclavage a été officiellement aboli en 1848. L’événement est célébré chaque année en Martinique le 22 mai, en Guadeloupe le 27 mai, en Guyane le 10 juin et à la Réunion le 20 décembre, dates auxquelles le décret est arrivé dans ces anciennes colonies devenues départements français. Et dans l’Hexagone, les 10 et 23 mai sont les dates commémoratives officiellement reconnues.