Livraison d’armes non autorisée : tensions Somalie-Éthiopie


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Armes
Armes (Illustration)

Les tensions entre la Somalie et l’Éthiopie montent d’un cran. Le gouvernement somalien accuse ouvertement son voisin d’avoir envoyé des armes en toute illégalité dans la région semi-autonome du Puntland. Cette livraison d’armes met en lumière une crise grandissante entre les deux pays, exacerbée par des divergences géopolitiques. Elle risque d’avoir de lourdes conséquences sur la stabilité de la Corne de l’Afrique.

Que cache cette accusation et quelles en sont les implications pour la sécurité régionale ?

Accusations de Mogadiscio : Une atteinte à la souveraineté somalienne

Le vendredi 20 septembre, le ministère des Affaires étrangères somalien a publié un communiqué explosif. Il accuse l’Éthiopie d’avoir fait entrer deux camions chargés d’armes dans le Puntland sans autorisation officielle. Selon Mogadiscio, cette livraison, qualifiée de « non autorisée« , constitue une atteinte grave à la souveraineté nationale de la Somalie. Le gouvernement somalien affirme détenir des preuves documentées de l’arrivée de ces camions. Cependant, il n’a pas précisé la date exacte de la livraison ni les acteurs impliqués dans cette opération secrète.

Des tensions géopolitiques croissantes depuis janvier 2024

Ces nouvelles accusations viennent s’inscrire dans un contexte de relations tendues entre la Somalie et l’Éthiopie depuis plusieurs mois. En janvier 2024, Addis-Abeba a signé un protocole d’accord avec le Somaliland, une région qui cherche à obtenir son indépendance de la Somalie. Cette décision a suscité la colère de Mogadiscio. Le gouvernement somalien y voit une tentative de légitimation d’un territoire qu’il considère comme faisant partie intégrante de son pays. L’accusation récente d’envoi d’armes vers le Puntland, un autre État semi-autonome, aggrave encore les relations déjà fragiles entre les deux nations. Cette situation accentue les tensions existantes entre la Somalie et l’Éthiopie.

Les risques pour la sécurité régionale

Dans son communiqué, le gouvernement somalien met en garde contre les conséquences de cette livraison d’armes pour la sécurité nationale et régionale. Le texte souligne que cette action compromet non seulement la souveraineté de la Somalie, mais qu’elle pourrait aussi déstabiliser le Puntland. Cette région est déjà en proie à des tensions internes. Le Puntland, une région stratégique dans la lutte contre des groupes armés comme Al-Shabaab, est un territoire où l’arrivée d’armes supplémentaires pourrait exacerber les violences. La présence de ces armes représente un risque accru pour la sécurité locale.

L’envoi d’armes sans approbation diplomatique soulève des questions sur les intentions de l’Éthiopie concernant l’influence sur les dynamiques politiques et militaires internes de la Somalie. Mogadiscio perçoit cette éventualité d’un très mauvais œil.

L’impasse des négociations : vers une escalade du conflit ?

Face à cette crise, des tentatives de désescalade ont été lancées sous l’égide de la Turquie, mais elles n’ont pour l’instant donné aucun résultat tangible. Pendant ce temps, la Somalie a resserré ses liens militaires avec l’Égypte, une autre puissance régionale. En août 2024, Mogadiscio et Le Caire ont signé un accord militaire. Ce geste semble renforcer l’axe anti-éthiopien dans la Corne de l’Afrique. Ces alliances militaires rivales, associées aux échanges d’accusations, créent un climat propice à l’escalade des tensions. Certains analystes craignent que la région ne tombe dans une instabilité encore plus grande.

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