Cyrille Nkontchou est le fondateur et le directeur général de Liquid Africa, une plate-forme financière et boursière online qui vous donne, en temps réel, les cotations de 18 places boursières africaines. L’entrepreneur nous parle de cette expérience unique. Interview
Cyrille Nkontchou est un sémillant jeune homme de 35 ans. Voilà trois ans, après une expérience de près de 10 ans dans le conseil et la finance chez Andersen Consulting et Merrill Lynch, ce Camerounais a crée Liquid Africa. Une plate-forme financière et boursière, unique en son genre, qui rassemble 18 places boursières africaines. Basée en Afrique du Sud, l’entreprise dispose également d’une représentation à Londres.
Afrik.com : Comment est né Liquid Africa ?
Cyrille Nkontchou : Liquid Africa est née d’une volonté de contribuer au développement du continent en fournissant un accès aisé aux opportunités d’investissements sur les plates-formes boursières africaines. En termes d’investissements, l’Afrique connaît trois handicaps majeurs : l’accès à l’information – une notion capitale sur les marchés boursiers – l’accès au marché et le problème du règlement/livraison – l’échange des titres contre règlement-. La plupart des systèmes de transaction, en Afrique, ne sont pas électroniques. Il faut donc attendre entre un et sept jours, après la transaction, pour disposer concrètement de ses actions. A contrario des pays occidentaux où cette étape se fait automatiquement. Liquid Africa permet de contourner simultanément tous ces obstacles. C’est un réseau d’intermédiaires qui opèrent sur 18 bourses africaines sur les vingt que compte le continent. Mais d’ici peu, nous serons présents au Mozambique et au Soudan. Les bourses africaines sont peu connues et nous sommes les seuls à offrir un accès unique centralisé sur tous ces marchés.
Afrik.com : Qui sont les clients de Liquid Africa ? Quels sont vos objectifs ?
Cyrille Nkontchou : Nos clients sont des particuliers mais surtout des fonds de pension marchés émergents (les fonds de pension qui s’intéressent aux marchés des pays en voie de développement, ndlr). Moins nombreux que les particuliers, ils sont les plus importants en termes de volume. Liquid Africa souhaite attirer de plus en plus d’investisseurs vers l’Afrique.
Afrik.com : En dépit du risque évident, les places boursières africaines semblent rentables ? Quelles sont les plus dynamiques ?
Cyrille Nkontchou : Les places financières africaines ont une meilleure performance comparée à leurs homologues européens ou américains, bien que le volume de transactions soit plus faible. Elles enregistrent en moyenne près de 250 millions de dollars de transactions par jour dont 220 du seul fait de l’Afrique du Sud. Cette performance se mesure par l’appréciation de l’indice boursier (panier des valeurs cotées par une bourse, ndlr). Notez que l’importance du risque est proportionnelle à celui du gain. Les investisseurs ne sont pas des philanthropes. Les bourses de l’Afrique du Nord, celles du Nigeria, du Kenya ou encore du Botswana comptent parmi les plus dynamiques.
Afrik.com : Pourquoi avoir choisi d’opérer via Internet ?
Cyrille Nkontchou : L’Internet est le seul support qui permette, à moindre coût, la dissémination de l’information. En général, les informations financières sont disponibles via des lignes dédiées qui sont beaucoup plus onéreuses qu’un accès Internet. Quel que soit l’endroit où l’on se trouve, l’on a accès à la même opportunité. Le net démocratise l’accès à l’information. En termes d’infrastructures également, Internet présente l’avantage de permettre de disposer à moindre coût d’applications. Le logiciel que nous utilisons sur Liquid Africa, parce qu’il est sur le Net, est facilement accessible à tous les intermédiaires. Auparavant, il aurait fallu envoyer un exemplaire du logiciel à chacun d’eux.
Afrik.com : Avec liquid Africa, nous sommes au coeur du e-business. Que pensez-vous du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (Nepad) qui prône le e-business comme l’une des sources du développement du continent ?
Cyrille Nkontchou : Le Nepad est une réelle opportunité mais il est important qu’il se matérialise en projets concrets. L’homme de la rue ne perçoit pas encore l’incidence du Nepad sur son quotidien. Cette initiative reste encore le projet d’une élite.
Voir le site Liquid Africa.