Le Président français, Nicolas Sarkozy, et le Premier ministre britannique, David Cameron sont arrivés jeudi matin en Libye. Ils doivent rencontrer les membres du Conseil national de transition à Tripoli, avant de se rendre à Benghazi, à l’est du pays. Alain Juppé, ministre des Affaires Etrangères, et Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, accompagnent le chef d’Etat français.
De Tripoli à Benghazi, Nicolas Sarkozy et David Cameron respirent l’air du conflit libyen depuis ce jeudi matin. L’arrivée des deux dirigeants n’est pas passée inaperçue. La veille pas moins de 160 policiers français du service de protection des hautes personnalités et du Raid sont arrivés sur place pour une mission de « sécurisation ». Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, ainsi que le ministre français des affaires étrangères, Alain Juppé, sont du voyage.
Pour rappel, ce dernier était attendu ce jeudi en tant que témoin au procès de Jacques Chirac. Les délégations doivent rencontrer les dirigeants du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdel Jalil et Mahmoud Jibril, et visiter un hôpital à Tripoli. Ils s’en iront ensuite à Benghazi, ville symbole de la rébellion libyenne, pour tenir un discours sur la place de la Liberté, a rapporté le JDD. Il s’agit de la première visite de hauts dirigeants étrangers en Libye depuis la libération de Tripoli, le 23 août.
Une visite politico-économique
Quelles sont les enjeux d’une telle visite ? Tout d’abord, l’aspect politique : rendre visite aux nouveaux homologues libyens, ça c’est pour le politiquement correct. Il faut surtout prouver à quel point la France et le Royaume-Uni sont « attachés » à la Libye. Après tout, ils ont été les plus fervents supporters des rebelles. Au-delà de l’aspect politique, l’enjeu de cette visite est aussi économique. La Libye a estimé à 200 milliards de dollars ses besoins pour la reconstruction du pays. Jackpot pour l’industrie française ? Durant ce mois de septembre, la chambre de commerce et d’industrie franco-libyenne devrait accompagner des chefs d’entreprises français à Tripoli. Le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, accompagnera, courant octobre, une seconde délégation d’entreprises françaises.
Mais le pétrole est inévitablement le sujet qui fâche. Le 1er septembre, le journal Libération a révélé un document datant du 3 avril dans lequel le CNT s’engage à attribuer 35% du total du pétrole brut à la France, et ce, en échange du soutien de la France. Un accord démenti par le CNT et le président français. « Je voudrais dire à l’ensemble des opinions publiques arabes qui nous écoutent qu’il n’y a eu aucun accord, qu’il n’y a eu aucun dessous-de-table quant aux richesses de la Libye, que nous-mêmes nous ne demandons aucune préférence et aucun passe-droit », a déclaré Nicolas Sarkozy lors d’une conférence de presse à Tripoli. Une guerre économique qui ne fait que commencer…
Alors que Sarkozy et Cameron ont entamé leur visite officielle en Libye, Mouammar Kadhafi est toujours en fuite et continue d’apparaître dans des messages diffusés régulièrement par la chaîne Arraï basée en Syrie. A ce sujet, le sous-secrétaire d’Etat américain chargé du Proche-Orient a précisé que l’ancien dirigeant libyen était « devenu presque sans importance ». Dans son dernier message, Kadhafi a accusé l’Otan de « terrorisme et de destructions indescriptibles à Syrte. »