Arrêté le 20 octobre 2011, l’ex-ministre Ahmed Brahim par ailleurs cousin du défunt dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, a été condamné à mort ce mercredi par le tribunal de Misrata, pour incitation à la violence contre les manifestants favorables à la démocratie, en 2011.
L’ex-ministre et cousin de Mouammar Kadhafi Ahmed Brahim a été condamné à mort ce mercredi par le tribunal de Misrata, pour incitation à la violence contre les manifestants favorables à la démocratie, a annoncé son avocat, Salim Dans. Selon ce dernier, le tribunal de Misrata, localité des bords de la Méditerranée située à l’est de Tripoli, la capitale libyenne, a « reconnu coupable l’ancien ministre d’atteinte à la sécurité nationale et de complot en vue de tuer des civils ». « Il incombe désormais à la Cour suprême de confirmer la sentence avant qu’elle puisse être appliquée », a ajouté l’avocat.
Ahmed Ibrahim, proche de Mouammar Kadhafi, a été arrêté le 20 octobre 2011 par des insurgés originaires de Misrata. L’ancien responsable qui a dirigé les comités révolutionnaires, constituant l’épine dorsale du régime, faisait aussi partie du convoi de l’ex-Guide libyen, tué a Syrte, sa ville natale, dernier bastion kadhafiste à résister. Il a occupé plusieurs hautes fonctions sous l’ère Kadhafi, dont celle de ministre de l’Education et de l’Information.
Chasse aux ex-Kadhafistes
C’est la première fois en Libye, qu’un ancien dirigeant du régime est ouvertement condamné à mort. Dans le pays, la chasse aux anciens Kadhafistes est particulièrement intense. Une législation intitulée « Loi d’exclusion contre les ex-Kadhafistes » a même été adoptée début mai dernier par le Congrès général national, sous la pression des milices armées. Ces dernières ont manifesté dans le pays durant plusieurs semaines pour que les anciens responsables du régime de Kadhafi soient exclus de la vie politique libyenne.
Que prévoit la loi ? D’écarter de la vie politique durant une dizaine d’années toutes les personnalités ayant occupé des postes de responsabilités sous le régime de Mouammar Kadhafi depuis le 1er septembre 1969, date à laquelle il est arrivé au pouvoir, jusqu’à la chute de son régime en octobre 2011, après huit mois de conflit, suite au soulèvement d’une partie des Libyens qui réclamaient sa chute. Tous les anciens ministres, ambassadeurs, directeurs de médias et officiers de la sécurité intérieure, voire les dirigeants de syndicats d’étudiants ou de doyens de facultés sont également concernés par cette législation, qui a provoqué moult démissions dans le gouvernement d’Ali Zeidan.
Contraint le 28 mai à la démission pour avoir servi comme ambassadeur sous l’ère Kadhafi, le président du Congrès général national, Mohamed al-Megaryef, a été la première victime de la loi d’exclusion. « Tout le monde doit s’assujettir à la loi, par respect de la légalité et de la démocratie, et je vais être le premier à me conformer à la loi », avait-t-il déclaré devant les députés de Congrès général national avant de poursuivre : « Je m’en vais la tête haute et la conscience tranquille. Une nation qui n’apprécie pas ceux qui se sont sacrifiés pour elle renie son histoire. La vieille Libye me manque. La Libye qui sait pardonner, la Libye généreuse et unie. Mais elle reviendra ».