Libye – Suisse : guéguerre d’usure


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Les deux hommes d’affaires suisses retenus en Libye ont été fixés, mardi, sur leur sort. Ils ont été condamnés par la justice libyenne à seize mois d’emprisonnement pour « séjour irrégulier ». Max Goldi et Rachid Hamdani devront également comparaître pour une deuxième affaire concernant leurs activités commerciales. Cette décision judiciaire ravive le contentieux vieux d’un an entre Tripoli et Berne.

Hasard ou coïncidence? Deux hommes d’affaires suisses ont été condamnés, mardi, à seize mois de prison ferme pour « séjour irrégulier  et à « une amende de 2000 dinars libyens (environ 1100 euros) chacun », 48 heures après le vote du peuple helvétique contre les minarets. Le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, tiendrait-il sa double revanche envers Berne qui avait interpellé en juillet 2008 son fils, Hannibal, et son épouse pour mauvais traitements envers des domestiques ? La condamnation soudaine des deux Suisses laisse perplexe. Arrêtés le 19 juillet 2008, ils auront attendus seize mois pour être fixés sur leur sort.

L’affaire Hannibal : sujet de discorde

Pour l’heure, Max Goldi, chef de la filiale du groupe d’ingénierie ABB, et Rachid Hamdani, responsable d’une PME vaudoise (ouest de la Suisse), se trouvent toujours à l’ambassade de Suisse à Tripoli, selon Berne. Une source judiciaire libyenne, interrogée par l’AFP, a indiqué que seuls les vingt jours passés en prison après leur interpellation seraient pris en compte et que « les deux hommes d’affaires pouvaient faire appel de leur jugement dans un délai d’une semaine ».

Cette décision judiciaire ravive les tensions entre les deux pays. Depuis 2008, la Suisse essaye d’amadouer la Libye, en vain. En août dernier, Hans-Rudolf Merz, le président de la Confédération helvétique, avait présenté ses excuses pour le traitement infligé à l’un des fils de Mouammar Kadhafi et avait signé un protocole de normalisation des relations entre les deux pays. Il espérait ainsi régler le contentieux et libérer les deux Suisses. Mais, ce choix tactique a été une erreur. Quelques jours plus tard, les deux hommes d’affaires suisses, qui devaient retourner dans leur pays, ont été amenés dans un lieu secret en Libye pour y subir des test médicaux. Ils ont ensuite été retenus à l’ambassade de Suisse à Tripoli, en attendant leur jugement.

Cette condamnation à seize mois de prison ferme risque de durcir les mesures de rétorsion qui ont été prises par Tripoli et Berne : du côté libyen, avec le retrait d’avoirs bancaires des banques suisses et de l’expulsion des sociétés helvétiques ; et du côté Suisse, avec l’adoption d’une politique restrictive de visas shengen envers les ressortissants libyens. En septembre dernier, le ton était monté d’un cran à la suite d’une requête déposée par Mouammar Kadhafi qui demandait que la Suisse soit rayée de la carte et ses régions linguistiques réparties entre ses voisins.

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