Après 24h de tergiversations, les pirates de l’air soudanais semblent avoir abandonné l’idée de gagner la France à bord du Boeing 737 de la compagnie Sun air – détourné du Soudan vers la Libye mardi – dans lequel ils retenaient les membres de l’équipage. Selon les autorités libyennes, ils se sont rendus mercredi en fin d’après-midi.
De rebondissement en rebondissement, l’affaire du détournement d’un avion soudanais qui a tenu les autorités libyennes et soudanaises en haleine depuis mardi soir s’est clos ce mercredi, avec la reddition des pirates de l’air soudanais. Plusieurs informations contradictoires, tout au long de la journée de mercredi, avaient déjà annoncé la libération de tous les otages exceptés les membres de l’équipage. Puis en début d’après-midi, le directeur de la compagnie Sun Air affirmait que deux des pirates avaient été neutralisés par l’armée libyenne, qui aussitôt avait démenti l’information. Désormais, les autorités libyennes sont catégoriques, les négociations ont abouti et la menace est écartée.
Ils ne voleront pas sur Paris
« Ils (les pirates) se sont rendus maintenant », a déclaré officiellement un responsable libyen mercredi en fin d’après-midi, en direct de l’aéroport de Koufra (sud-est de la Libye), où l’avion de ligne d’une compagnie soudanaise stationne depuis mardi soir, réquisitionné par des pirates de l’air également soudanais. Ils auraient cédé à l’issue de négociations menées avec l’aviation civile et les autorités libyennes, alors même que Khartoum réclamait les rebelles pour les juger au Soudan.
En début de journée, les pirates, qui se réclamaient de l’Armée de Libération du Soudan (une faction rebelle dirigée par Abdelwahid Mohamed Ahmed al-Nour), avaient demandé un plan de vol et du carburant afin de rejoindre Paris où ils disaient devoir s’entretenir avec leur chef. Selon des propos rapportés par le pilote du l’avion, le détournement aurait été commandité par leur chef, des propos démentis par Abdel Nour, qui avait nié toute corrélation avec les pirates de l’air. Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires Etrangères avait déclaré, ce matin, à propos du chef rebelle qui vit à Paris qu’il était « plutôt un homme pacifique ».
Confusion et démentis
« L’avion est toujours à sa place, les portes sont fermées et les pirates sont toujours à l’intérieur avec les membres d’équipage », a déclaré, mercredi en début d’après-midi, un responsable libyen en réponse aux allégations de la direction de la compagnie aérienne soudanaise. Celle-ci venait alors de déclarer à la presse que les pirates s’étaient rendus et avaient libéré tout le monde. Les négociations ont donc continué plusieurs heures avant de voir cette hypothèse se vérifier.
Auparavant, dès le matin, les rebelles avaient accepté de libérer tous les passagers (87 personnes au total), en ne gardant à bord que l’équipage de l’appareil. Plus tard, ils avaient de nouveau laissé partir deux membres du staff de 8 personnes, deux femmes. Les témoignages des passagers ont permis de mieux appréhender la situation et de mener les négociations. Pourtant, le nombre de pirates de l’air ainsi que le but exact de leur prise d’otage demeurent flous. Ils avaient déclaré qu’ils feraient part de leurs revendications une fois arrivés à Paris.
On ignore encore ce que sont devenus les derniers otages, mais le responsable de la compagnie aérienne soudanaise a affirmé qu’il allait faire venir un autre avion du Soudan jusqu’à l’aéroport de Koufra, afin qu’ils puissent être rapatriés dans leur pays.