Les députés libyens ont adopté le 5 mai dernier une loi excluant toutes les personnalités politiques qui ont occupé des fonctions sous l’ère Kadhafi. La démission de Mohamed al-Megaryef, président de l’Assemblée nationale libyenne, ce mardi 28 mai, fait penser à une véritable épuration des ex-collaborateurs de Mouammar Kadhafi
« Tout le monde doit s’assujettir à la loi, par respect de la légalité et de la démocratie. Et je vais être le premier à me conformer à la loi », a déclaré Mohamed al-Megaryef, président de l’Assemblée nationale Libyenne, ce mardi 28 mai. Cette déclaration fait suite à une nouvelle loi votée en Libye et qui écarte du pouvoir toute personne ayant déjà servi sous le régime de Mouammar Kadhafi. Concerné par la loi, Mohamed al-Megaryef a préféré rendre le tablier.
Votée début mai et adoptée par 164 voix contre 4, la loi vise les anciens ministres, les ambassadeurs, les directeurs de médias et officiers de la sécurité intérieure et risque même de s’étendre aux dirigeants de syndicats d’étudiants ou doyens de facultés.
De lourdes conséquences
Simple épuration ou manœuvre politique ? Certains voient déjà les conséquences lourdes que cette loi pourrait avoir dans un pays en pleine transition. « La démission de Mohamed al-Megaryef pourrait avoir de lourdes conséquences et perturber la phase de transition », précise Abdallah al-Gamati, député indépendant.
Au début du mois de mai, de nombreux ministères libyens, dont celui de la justice et celui des Affaires étrangères, ont été encerclés par des milices. Ces derniers exigeaient le départ d’un certain nombre de fonctionnaires qui ont déjà eu à servir sous l’ère Kadhafi.
Au début, le gouvernement libyen, dirigé par Ali Zeidan, ne souhaitait pas plier et tentait à tout prix de tenir tête aux groupes armés. « On ne peut pas demander aux parlementaires de légiférer sous la pression des armes », s’était indigné un proche collaborateur du Premier ministre Ali Zeidan, lequel admet que la marge de manœuvre des autorités est limitée.
Mi-mai, les ministères ont été libérés par les milices après que ces derniers aient obtenu l’adoption de la loi d’exclusion politique. Pour le moment, aucun dysfonctionnement n’a été signalé. Mais, la loi risque de mettre sur la touche un grand nombre de responsables politiques libyens.